lundi 15 octobre 2018

Le malheur du bas

4e de couverture: « Au cœur de la nuit, face au mur qu’elle regardait autrefois, bousculée par le plaisir, le malheur du bas lui apparaît telle la revanche du destin sur les vies jugées trop simples. »

Dans ce premier roman suffoquant, Inès Bayard dissèque la vie conjugale d’une jeune femme à travers le prisme du viol. Un récit remarquablement dérangeant.

Rentrée Littéraire 2018 (#9)

Un premier roman percutant et fort dérangeant qui ne peut laisser indifférent. 

Déjà, l'incipit du roman met mal à l'aise et on sent qu'on est parti pour un enfer qui va aller en s'amplifiant tout au long de ses 260 pages. 
Je ne peux pas nier que ce roman m'a embarqué dans son histoire malsaine, et que j'ai voulu savoir comment cette descente aux enfers allait se terminer. 
Alors, il est vrai que l'auteure commence son roman de manière très forte, et je dois dire que le reste n'atteint pas ce degré de force. Mais l'histoire se tient du début jusqu'à la fin. . Inès Bayard réussit parfaitement à nous emmener dans la tête de Marie qui vit une souffrance telle qu'elle pense plusieurs fois à commettre l'irréparable. 
Le viol est montré de la manière la plus cru possible et le lecteur que je suis s'est souvent senti dérangé devant ce voyeurisme forcé...car l'auteure nous montre ce viol de manière très violente et je me suis surpris à lâcher ce livre à ce moment là, petit être sensible que je suis. 

Inès Bayard nous parle également du silence des femmes violées, qui n'osent pas parler pour ne pas voir leur souffrance étalée en public, mais aussi par peur de la menace que le violeur se fait le plaisir d'énoncer à Marie tout de suite après cet acte abject. 
L'auteure nous montre les conséquences horribles de ce viol, par l'intermédiaire de ce petit être innocent qu'est Thomas, le petit garçon qui naîtra après le viol. La folie va alors s'insinuer dans la tête de Marie qui ne pourra pas aimer ce petit être qui grandit en elle, tout d'abord, et devant ses yeux après la naissance. 

Pour tout dire, j'ai oscillé entre fascination et répulsion tout au long de ce roman, et même si je ne me sentais pas bien lors de la lecture, je ne pouvais pas détacher mes yeux de ce livre. 
En revanche, je n'ai ressenti aucune empathie pour les personnages: que ce soit pour Marie, pourtant victime de l'acte le plus abject qui soit, ou même pour le petit Thomas, victime innocente et dommage collatéral du viol de sa mère, ou bien le mari aimant Laurent, qui ne verra pas à temps le comportement différent de sa femme. 
Alors, vous pourrez me croire inhumain devant ce drame, quand je vous dis que je n'ai rien ressenti mais cette non empathie pour ces êtres de papier (car c'est ce qu'ils sont restés pour moi)  est voulu (horreur et damnation!): ce fut primordial pour moi et un acte de protection pour ne pas souffrir. Il me fallait cette distance pour aller au bout de ce livre (et je vous assure qu'il faut avoir le coeur bien accroché devant certains passages, car Inès Bayard, ne nous cache rien et le fait de manière violente, crue,afin de garder présent ,ce malaise qui est au dessus de nos tête, en permanence), car sinon je m'effondrais. 

J'avais deviné la fin quelques pages avant de la lire, car c'était la meilleure fin qui soit pour ce roman, comme un pied de nez morbide à cette descente aux enfers. 

Au final, je ne peux nier que c'est un roman percutant qui vous mets mal à l'aise, et qui frappe là où ça fait mal, et dont je ne ressortirais pas indemne. Pourtant, j'ai tout fait pour ne pas laisser mes émotions m'envahir, quitte à fermer la porte de mon coeur à ces êtres de papier, qui resteront, pour moi, à jamais enfermé dans ce livre dérangeant à souhait. 

Inès Bayard: Le malheur du bas, Albin Michel, 268 pages, 2018


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire