-Je pers la mémoire. Et ce jeune homme, assis là, il m'emmène en tournée à travers les USA pour réveiller les souvenirs enfouis. C'est pas beau, ça?
Antonia et Luke hochent la tête, ensemble, parce qu'ils sont émus, Matt le voit dans le rétro. Gary relâche son étreinte et:
-Qui pourrait rêver meilleur petit-fils, hein?
Matt craignait le pire et ce n'est pas ce qui est arrivé. C'est même tout le contraire."
Pour guérir vos coups de blues, voilà le livre qu'il vous faut. C'est un concentré de bonne humeur, d'émotion et de bien-être.
Quand Cécile, de la librairie Gibert Joseph (Rayon Jeunesse) de Poitiers, me l'a proposé pour ma rubrique, elle m'a simplement dit: "quand on referme le livre, on a envie d'aimer tout le monde. C'est un roman qui nous apprend aussi qu'on peut se construire une famille. "
Je peux vous dire qu'après cette déclaration, j'avais de grosses attentes sur ce livre et une curiosité au plus haut point dans mon esprit.
Les attentes ont été comblées au delà du possible. J'ai adoré ce roman. Ce roman dans lequel on va suivre un jeune homme de 21 ans, Matt,qui apprend d'un coup, d'un seul, qu'il est le papa d'une petite Amber, 18 mois, dont il doit s'occuper pendant deux mois, car Dixie,la mère d'Amber doit travailler. Lui, qui avait prévu un road-trip à travers les Etats Unis, avec son grand-père Gary, pour lui faire retrouver la mémoire et ses souvenirs -plus particulièrement ceux d'une tournée de Pat Boone, en 1958, qu'il avait suivi avec des copains- se retrouve embarqué dans l'aventure avec une petite fille...et deux autres personnes (Luke, un ado en fugue et Antonia, jeune trentenaire qui vient de se débarrasser de son mec jaloux et qui doit passer un entretien d'embauche), rencontrés à l'aéroport. Tout ça parce qu'une tempête de neige s'annonce et que leur vol est annulé. Tout ce joli petit monde décide de prendre un van et de partir à la recherche des souvenirs de Gary.
C'est un roman plein d'humanisme, très touchant, drôle et devant lequel on fond littéralement. C'est un petit cocon dans lequel on se sent bien (tellement d'ailleurs, qu'on a qu'une envie, le poser de temps en temps pour faire durer la lecture (et le voyage) le plus longtemps possible): Chaque personnage est attachant, de la petite Amber, qu'on a envie de prendre dans ses bras, jusqu'à Gary, ce grand-père bon vivant, qu'on rêverait tous d'avoir mais dont la mémoire flanche, en passant par Matt, ce jeune papa de 21 ans qui prend soin de son grand-père et qui apprend à connaître sa fille, et Antonia et Luke, pour lesquels, l'affection est là également.
Ce qui est admirable aussi dans ce roman jeunesse, c'est le style de Séverine Vidal: celui-ci est très vivant avec des dialogues qui sonnent juste (c'est bien simple, on entend la voix des personnages à nos oreilles) et des situations drôles, émouvantes, et des révélations qui rythment le roman. Mais surtout, ce qui en fait sa force, c'est sa profondeur: le thème de l'Alzheimer est traité de façon fort belle, sans pathos, mais toujours juste et lourd de sens. A aucun moment, l'auteur n'édulcore les choses: elle les dit simplement et elle fait prendre conscience au jeune lecteur (et aux moins jeunes) de l'effet de la maladie, très justement sans en faire trop. Ce qui rend le message du roman encore plus fort.
J'ai très souvent eu le sourire aux lèvres durant ce voyage à travers les Etats Unis, mais j'ai également été ému aux larmes. Des larmes qui sont venu en refermant le livre, parce que le voyage était fini, mais également à cause de la maladie de Gary (L'Alzheimer), que je connais bien pour l'avoir côtoyé. En lisant son parcours, des souvenirs sont remonté à la surface. Voilà pourquoi ce roman m'a ému. Mais, je vous rassure, on en ressort aussi avec un sourire grand comme le désert du Nevada.
Au final, un roman jeunesse qui fait du bien au coeur et à l'âme. Tous ces personnages "cabossé par la vie" qui trouvent un second souffle en se créant une nouvelle famille et un nouveau sens à leur vie est une belle leçon. Quelqu'un qu'on aime est une petite pépite pour laquelle je garderai une petite place au fond de moi et que je relirai probablement quand j'aurai le moral dans les chaussettes. Ce sont des livres comme celui ci qui me font aimer de plus en plus la littérature jeunesse.
Surtout, ne passez pas à côté de ce roman qui fait du bien.
Merci à Cécile de la librairie Gibert Joseph (Rayon Jeunesse) de Poitiers pour cette petite parenthèse de bonheur.
qui devient également le mien
Séverine Vidal: Quelqu'un qu'on aime, Editions Sarbacane, 205 pages, 2015
Quand je vois Alzheimer je fuis en général, c'est une maladie qui me fait très peur, du coup je n'aime pas tellement lire sur le sujet, mais l'histoire de road trip, l'association de ces personnages différents et cette si jolie couverture, plus ton billet positif me donnent bien envie de le lire.
RépondreSupprimerIl ne faut surtout pas que cette maladie t'empêche de le lire. Celle ci est traitée de façon juste et pas dans le pathos. De plus, l'humour de Gary (le grand-père de Matt) contrebalance tout ça. Donc fonce. C'est un livre qui te remontera le moral, je t'assure.
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