dimanche 29 janvier 2017

Slow Qui Tue #306: Caruso

Le slow qui tue de la semaine se prend pour un chanteur d'opéra.

Luciano Pavarotti: Caruso



Bonne écoute!


vendredi 27 janvier 2017

Prévert l'irréductible

4e de couverture:Jacques Prévert c'est l'éclectisme forcené.
Des rimes aux scénarios, des chansons aux collages, il ne s'interdit rien, Prévert, il essaie.
Il croit aux télescopages, aux interférences, aux conjonctions, aux tentatives.
Il passe d'une discipline à l'autre avec une aisance confondante. Avant 1950, on le connaît plutôt comme scénariste, et quel scénariste - Arletty, Gabin, Morgan, toute la lyre. Mais quand Paroles explose (un million d'ouvrages vendus), c'est l'écrivain qui se retrouve à l'avant-scène. Avec un fil, un fil rouge : la liberté libertaire avec laquelle il ne transige jamais.
Hervé Hamon esquisse, de cet homme qu'il aime, du Prévert du Groupe Octobre et de Quai des brumes, un portrait sensible et documenté. En lisant son texte, nous sommes dans le Paris d'avant, Doisneau à sa droite et Brassaï à sa gauche. Ou inversement.


"C'est une chanson qui nous ressemble/ toi, tu m'aimais et je t'aimais/Nous vivions tous les deux ensembles/Moi qui t'aimais, toi qui m'aimais". (Les feuilles mortes)
"Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment d'un aussi grand amour" (Les enfants du paradis)
"Rappelle toi Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour là" (Barbara)
"-T'as de beaux yeux tu sais.
-Embrassez moi" (Quai des Brumes

Qui n'a jamais lu ou entendu ces phrases, sur un air de musique ou sur un écran de cinéma? Probablement tout le monde. Mais qui sait que ces phrases sont sorti du cerveau et du coeur d'une même personne: un certain Jacques Prévert.

Jacques Prévert est un nom que tout le monde connait et qui est souvent associé à l'école et à la poésie (tout enfant a récité du Prévert en classe) . Une personne sacralisée,devenue une icône.
Un grand monsieur qui nous a quitté il y a 40 ans (en avril 1977), et dont Hervé Hamon, tente de nous dresser un portrait plus juste dans ce petit livre, en le désacralisant un peu (il nous dit d'ailleurs dans des préliminaires que "Prévert, ce n'est pas, les bénédictions académiques, les hommages cinématographiques, ou un nom sur les enseignes des collèges". C'est avant tout un homme avec la liberté chevillée au corps, qui aimait les jeunes femmes et qui essayait tout (des poèmes aux chansons, des scénarios aux collages).

Dans une langue poétique et rythmée, qui chante presque à notre oreille, Hervé Hamon, grâce à des petites anecdotes, va nous montrer Le Prévert libertaire, en quatre chapitres:

dans un premier, on découvre Jacques, enfant, à 11 ans, qui se fait baptiser (c'est son grand père, "Auguste le sévère", qui oblige la famille à lui faire faire sa communion (cette anecdote pour nous montrer que Prévert était contre l'église, et contre beaucoup d'institutions).

dans un 2e, Hervé Hamon nous parle du Paris des années folles, où Jacques Prévert rencontre Yves Tanguy, Paul Grimault, Raymond Queneau, Appolinaire, Octave Mirbeau... et fait parti du groupe Octobre. On découvre alors le quartier de Montparnasse, mais surtout un Prévert bagarreur (il se disait d'ailleurs, en ce temps là, "Homme de main, plutôt qu'homme de lettres". Il commence à écrire des textes pour plusieurs journaux.

dans un 3e (mon préféré), c'est le scénariste qu'on découvre, et où je me suis fait cette réflexion: "au mauvais endroit, au mauvais moment", car beaucoup de ces films devenus cultes aujourd'hui  (comme "Le Jour se lève" (avec Gabin et Arletty) ou "Drôle de drame (avec Yves Simon et Louis Jouvet et la fameuse scène du "Bizarre, comme c'est bizarre") ont été des bides à leur sortie (trop anxiogène pour l'un ("Le jour se lève"), trop burlesque pour l'autre. Un 3e (chapitre) qui revient sur sa relation avec  Carné. Sa rencontre avec Joseph Kosma (surnommé "Io"). Voilà un chapitre fascinant qui nous montre l'envers du décor.

dans un 4e (et dernier), c'est le poète qui montre le bout de son nez et qui revient sur le succès (impensable, car "la poésie, ça ne se vend pas") du recueil de poèmes "Paroles".

En 4 petits chapitres, Hervé Hamon nous montre toute la complexité de Jacques Prévert, complexité dans le sens qu'il a de multiples facettes et qu'il ne pouvait être cantonné dans un seul genre. Il essayait tout, Prévert, et il aimait ça.

Moi aussi, j'ai aimé ce petit livre (trop petit peut être, j'aurai voulu en savoir plus):  l'auteur, a voulu, en racontant quatre moments de la vie foisonnante, en définitive, de Jacques Prévert, nous donner à voir un homme humain.

Au final, un joli petit livre que je vous encourage à lire, car la plume de l'auteur est des plus charmante et poétique. Hervé Hamon  vous embarque dans l'univers fascinant et quasi magique de Prévert et du Paris du début du XXe siècle. C'est foisonnant, captivant, palpitant. Une petite mise en bouche qui donne envie d'en savoir davantage sur ce sacré bonhomme qu'était Jacques Prévert.

 Hervé Hamon fait sortir Prévert de ce caveau poussiéreux que peut être, parfois,  le monde des Grands Hommes pour le rendre tout simplement humain...et c'est magnifique.

Merci aux Editions TohuBohu pour cette petite "mise en bouche".

Hervé Hamon: Prévert l'irréductible (Tentative d'un portrait), Editions TohuBohu, 141 pages, 2017







mercredi 25 janvier 2017

Le Parfum de l'Hellébore

4e de couverture: Derrière les grilles du centre psychiatrique Falret, s'épanouissent les hellébores, ces fleurs dont on pensait qu'elles soignaient la folie. Est-ce le secret de Serge, le jardinier taciturne qui veille sur les lieux, pour calmer les crises de Gilles ? Toujours est-il que le petit garçon, autiste de onze ans, s'ouvre au monde en sa présence.
Deux jeunes filles observent leur étrange et tendre manège, loin des grandes leçons des médecins du centre. Anne a dix-huit ans, c'est la nièce du directeur. Fuyant un passé compromettant, elle a coupé tout lien avec ses proches, si ce n'est sa meilleure amie, avec qui elle correspond en cachette.
Elle se lie d'amitié avec Béatrice, malicieuse jeune fille de treize ans, qui toise son anorexie d'un œil moqueur, pensant garder le contrôle des choses.
Mais rien ne va se passer comme prévu.
Dans ce roman lumineux et plein d'espérance, les destins de chacun vont se croiser, entre légèreté et mélancolie.
La vie réserve heureusement bien des surprises.

Premier roman de Cathy Bonidan, au titre poétique et mystérieux, Le parfum de l'hellébore est une petite merveille qui m'a énormément plu. 

Il est rare de parler d'autisme dans un livre, ces personnes là sont peu souvent des personnages de roman. Il est également rare qu'un roman contemporain situe son action dans un centre psychiatrique (attention, je parle des romans de littérature blanche, les polars et autres thrillers ont déjà eu ce lieu comme décor de leurs intrigues), et encore plus quand l'action se situe à la fin des années 50, où la psychiatrie, en était à ses balbutiements et où l'autisme n'était pas ou peu reconnu (on prenait souvent ces personnes pour des débiles, bon à enfermer). 

C'est dans un centre psychiatrique, que nous faisons la connaissance d'Anne et Béatrice. Toutes deux se trouvent dans ce centre, pour des raisons différentes: Anne, 18 ans est la nièce du directeur du centre, envoyé à Paris pour une cause "grave" selon ses parents pour l'envoyer en exil dans la Capitale. Elle va alors travailler au centre comme aide, envers le personnel et les patients. Elle va ainsi raconter dans sa correspondance avec Lizzie,sa meilleure amie, son quotidien au centre Falret. Béatrice, elle, est une ado de 13 ans, qui souffre d'anorexie (même si elle dit qu'elle a arrêté de manger pour recouvrer sa liberté, envers ses parents, comme un cri de révolte) et qui est soigné dans ce centre. Elle décide alors de raconter sa "captivité" dans ce centre, dans un journal intime, comme Anne Franck, durant la guerre, journal qu'elle a lu et qu'elle a adoré. 
La rencontre entre les deux jeunes filles et leur intérêt pour la relation entre le nouveau jardinier, Serge, et Gilles, le "débile", comme elles le surnomment,  vont changer beaucoup de choses. 

Ce roman est une petite merveille qui n'était pas loin du coup de coeur, tellement il m'a chamboulé, au niveau du coeur (justement), mais ce ne fut pas le cas, malheureusement. 
En fait, le roman est coupé en deux parties bien distinctes:

la première, qui se concentre, sur une année de la vie d'Anne et Béatrice au centre: les chapitres sont constitués de lettres d'Anne à Lizzie, et d'extraits du journal de Béatrice. Le lecteur que je suis, a alors suivi pas à pas, le cheminement extérieur (mais aussi intérieur) des deux jeunes filles, et j'ai pu m'immerger et entrer en empathie avec elles. Pour vous dire, j'ai lu la première partie d'une traite, comme dans un cocon bienfaisant (malgré le lieu et les déconvenues du petit Gilles, enfant autiste qu'on ne comprend pas) dans lequel on se love avec bonheur. 
En terminant la première partie, je me suis fais, la réflexion ("je sens que ce roman va être un coup de coeur"). Seulement, je n'avais pas encore commencé la 2e partie. 

Cette 2e partie n'est pas mauvaise en soi, mais est tellement différente dans son traitement (par rapport à la première) que je n'ai pas ressenti la même chose. 
Dans celle ci, l'action se déroule à notre époque (donc 60 ans après la première partie): on suit Sophie, étudiante qui prépare une thèse sur les centres psychiatriques dans les années 50-60. Au fil de ses recherches, elle va faire la connaissance de deux frères, Mathieu et Gabriel, qui travaillent sur le chantier d'un ancien centre psychiatrique (celui que le lecteur découvre dans la première partie). En visitant les lieux, Sophie va alors tomber sur le journal d'une jeune patiente de 13 ans, qui va l'amener, vers une certaine Anne, puis Lizzie. (comme vous le voyez, les deux parties vont se retrouver connectées). 
Ainsi, après une première partie, très intimiste, où le lecteur est en empathie avec les personnages, la 2e partie se compare plus à une "enquête" où l'auteur va progressivement nous dire ce que sont devenus nos petits amis du centre. Ainsi l'auteur ménage le suspense et son lot de surprises (heureuse ou malheureuse, surtout quand on s'est retrouvé en empathie avec Anne, Béatrice, Serge, Gilles et les autres), mais ce qui m'a fait un peu tiquer, et perdre mon fameux coup de coeur, c'est le changement de narration: on passe d'une première partie à la première personne (les lettres d'Anne et le journal de Béatrice) à une narration à la troisième personne, avec Sophie, Mathieu et Gabriel. 
Cette distance que j'ai ressenti avec cette narration, a fait que j'ai été moins proche de Sophie et des deux frères, même s'ils m'ont paru sympathiques et très profond dans leurs démarches et réflexions. Mais, je n'avais pas ce petit coup au coeur quand je les rencontrais. Les seuls instants qui m'ont fait renouer avec la première partie, sont la découverte des lettres d'Anne, que Lizzie a reçu après la fin de la première partie. je retrouvais alors cette petite voix qui m'avait tant plu. 
Ce choix de narration  est dommage, car la lettre de Sophie, à la fin du roman, m'a fait me sentir proche d'elle, de sa voix intérieure. J'aurai, en fait, voulu que le cheminement de Sophie nous soit raconter différemment. 

Malgré ce bémol, j'ai beaucoup apprécié ma lecture. C'est un roman merveilleux qui nous parle de la différence, (l'autisme de Gilles, mais aussi l'anorexie de Béatrice, mais également les handicaps de Serge, le jardinier,  Sophie et de Gabriel (que je vous laisse découvrir) et de l'incompréhension et l'impuissance de certaines personnes, par rapport à cette différence. C'est également un roman sur l'amitié et le don de soi, l'ouverture aux autres. C'est un roman bouleversant qui m'a fait pleurer. 

Au final, un joli premier roman,sur la différence et la beauté des êtres. Un roman aux thèmes difficiles, qui ne laisse pas indifférents, mais qui garde tout de même une petite lueur d'espoir. 
Je terminerai par ces phrases que Sophie écrit dans sa lettre et qu'il faudrait suivre comme un mantra: 

"...nous aurons tous en commun d'avoir un jour cessé d'élever notre différence en un rempart contre les autres et de nous être confrontés à notre destin.
Sans vous, sans toi, jamais je n'aurais brandi cette entrave comme une force." (p.294)

Merci aux Editions de la Martinière pour ce joli moment de vie.

Cathy Bonidan: Le parfum de l'hellébore,Editions de la Martinière, 300 pages, 2017


la Discothèque du 20e siècle #201

En 1963, un jeune chanteur montre l'étendue de son talent. Son nom:Stevie Wonder

Little Stevie Wonder: Fingertips (Part 2)








Contrairement à ce que l'on raconte souvent, Stevie Wonder n'est pas né aveugle: c'est une trop forte dose d'oxygène, dans une couveuse qui est à l'origine de sa cécité. Malgré ce handicap, il est capable de jouer et chanter comme personne, comme sur ce titre, son premier succès international, où nous retrouvons le "Twleve Year Old Genius-le génie de douze ans comme on le surnomme chez Motown, sa maison de disques-en train de joueur sur scène au Regal Theater de Chicago, l'enregistrement de ce concert devenant d'ailleurs son 2e album officiel à être commercialisé. (Source: La Discothèque du 20e siècle: 1963", Polygram Direct)

Bonne écoute!



dimanche 22 janvier 2017

Slow Qui Tue #305: Le Téléphone pleure

Le slow qui tue de la semaine chante la douleur d'une séparation.

Claude François et Frédérique: Le téléphone pleure


Bonne écoute!


samedi 21 janvier 2017

Jackie: les 4 jours qui ont changé sa vie

4e de couverture: Dallas, vendredi 22 novembre 1963, 12 h 30 : le monde de Jacqueline Kennedy s'effondre. À côté d'elle, dans la voiture présidentielle, le président vient d'être mortellement touché. Vers 14 heures, un suspect, Lee Harvey Oswald, 24 ans, est arrêté dans une salle de cinéma. À 14 h 38, Lyndon B. Johnson, le vice-président, prête serment à bord de l'avion Air Force One. Jackie aurait pu être anéantie. Au lieu de cela, elle tient bon. Jusqu'aux funérailles, elle a quatre jours pour tout orchestrer et donner au monde une leçon de dignité. Se fondant sur les interviews accordées par la première dame, Maud Guillaumin donne à voir la vraie Jackie - aujourd'hui incarnée à l'écran par Natalie Portman - au cours de ces journées qui ont bouleversé sa vie. Une épreuve dont Jackie la réservée sortira à jamais transformée.

Le 12 septembre 2009, au cimetière Arlington, de Washington, je parcoure lentement et avec le coeur qui bat, l'allée qui mène à la Colline où se trouvent les tombes de John Kennedy et Jackie Kennedy Onassis. Là,devant la flamme éternelle (souhait de Jackie qui voulait, comme sous l'arc de Triomphe en France) qu'une flamme soit toujours allumée devant la tombe de son mari) qui vacille un peu à cause du vent, je me tiens debout , avec recueillement. 
A ce moment là, je me suis senti dans une bulle: jamais, je n'aurai pensé me retrouver ici, même dans mes rêves les plus fous. Je suis fasciné depuis tellement longtemps par les Kennedy et par ce drame qui fait partie de l'histoire, que je n'arrive pas à imaginer que je suis là, à me recueillir devant eux. 

Nous étions nombreux ce jour là, devant les tombes des Kennedy, lieu de pèlerinage pour certains, où curiosités de touristes (peut être malsain), pour d'autres,  venu ici "admirer" la tombe de ce président qui marqua l'histoire. 

Si les Kennedy n'ont pas été oublié et que cet assassinat est "entré dans l'histoire", c'est grâce à Jackie Kennedy. C'est elle qui a forgé la légende Kennedy, pour que le monde n'oublie pas. Au risque de rester enfermée dans cette légende jusqu'à la fin de sa vie. 

Après Jackie, une femme d'influence, Maud Guillaumin consacre un 2e livre sur Jackie. (Evidemment, je ne pouvait pas passer à côté, vu ma fascination pour les Kennedy, et le fait que j'avais adoré lire son premier livre sur Jackie K. , fort intéressant), mais d'une manière différente, dans son approche et sa construction. Là, où le premier se focalisait sur la femme influente et qui avait beaucoup œuvré pour la politique et l'image de son mari à travers le monde, dans "Jackie, les 4 jours qui ont changé sa vie", l'auteure resserre l'histoire en se concentrant sur l'assassinat de Kennedy et les jours qui ont suivis jusqu'aux funérailles. 

Ainsi, le livre commence sur un chapitre centré sur la fameuse tenue que portait Jackie Kennedy, ce 22 novembre 1963, le fameux tailleur rose. Car, bien évidemment, l'image de Jackie était associés aux tenues qu'elle portait. On remarque d'ailleurs, que l'image à beaucoup d'importance (la télévision investit les foyers américains, en ce début des sixties) et les Kennedy vont en jouer, eux, le couple jeune et brillant, parfait aux yeux du monde. 
D'ailleurs, c'est l'image que Jackie voudra mettre en avant, après la mort de son mari: "bon président, bon père, bon mari", en cachant absolument, les infidélités de John et toutes les sales histoires qui tournent autour des Kennedy. C'est Jackie, qui prendra tout en main pour fabriquer "la légende Kennedy", comme elle a voulu restaurer la Maison Blanche, durant son passage. Il faut que les Kennedy laisse coûte que coûte une trace de leur court passage à la Maison Blanche et dans l'Histoire (ce qui fut fort réussi car JFK est entré dans l'histoire et pas seulement pour son assassinat). 

Ce livre est fascinant, et même si je connaissais déjà pas mal de choses, (que Maud Guillaumin avait évoqué dans son précédent ouvrage sur Jackie Kennedy), je les ai redécouvert avec plaisir. Ce qui est surtout époustouflant, c'est que Maud Guillaumin a construit son livre, comme un polar: elle nous raconte dans les moindres détails (même les plus sordides, par moment) ce qui se passe dans la Lincoln, au moment des coups de feu: le crane de Kennedy, qui explose, Jackie, qui dans un instant de survie, se jette sur le coffre de la Lincoln, le trajet jusqu'à l'hôpital, qui dure 6 minutes, Jackie tenant la tête de son mari (et les morceaux de crane qu'elle a ramassé et qu'elle tient dans sa main). On suit, pas à pas le parcours funèbre de cette journée, où Jackie Kennedy, tient le premier rôle. 
Tout cela est entrecoupé de flasbacks, sur la présidence de Kennedy, le rôle que Jackie à jouée au côté de son mari, et leur vie à la Maison Blanche. C'est passionnant, fascinant et on ne lâche pas le livre une seule minute, scotché à son siège, le souffle court. 

J'ai beaucoup aimé ce livre (je l'ai même préféré au premier (même si j'avais adoré ma lecture, l'intérêt s'était émoussé pour la deuxième partie de la vie de Jackie) car celui ci se focalise sur l'assassinat et les conséquences de cet acte sur la vie de Jackie et de ses enfants. Mais c'est parce que, ce sont les Kennedy qui me passionnent et moins les Onassis. Et justement, sa vie après Kennedy, est évoquée plus rapidement, et de manière très fluide et succincte, sans s’appesantir. Ce qui fait que je n'ai ressenti aucune lassitude et que j'ai lu les derniers chapitres, dans un souffle. 
Un autre point intéressant, c'est que le lecteur est au plus près de Jackie, lors de ces journées fatidiques et funèbres, et que c'est dans ces moments d'introspections que les flashbacks sur sa vie à la Maison Blanche, ou sa rencontre avec John sont évoquées (mais également, lors de ces nuits sans sommeil. Comme si le lecteur se trouvait dans la tête de Jackie et lisait ses pensées. 
Jackie devient alors, un "personnage de roman". 
Maud Guillamin a construit cette biographie comme un roman. 

Au final, Maud Guillamin a de nouveau su me charmer avec un autre livre sur Jackie Kennedy. J'ai aimé retrouver son style fluide et percutant, qui va au plus près des choses sur cet événement qui marqua l'histoire d'une pierre noire. Son livre se lit comme un polar, et n'édulcore en aucune façon l'image de Jackie, parlant autant de ses qualités que de ses défauts (pareils pour John), faisant d'elle une personne humaine, même si l'"icône Jackie" n'est pas très loin. 
Si comme moi, les Kennedy vous fascinent et que ce qui s'est passé le 22 novembre 1963, à Dallas, vous intrigue (attention, toutefois, l'auteure ne s'attarde pas sur l'enquête qui suivit l'assassinat de Kennedy. Ce qui est normal, son sujet étant Jackie Kennedy et ses réactions après ce drame), ce livre ne pourra que vous passionner...même si vous n'êtes pas féru de biographie et de livre d'histoire puisqu'il se lit comme un roman. Ce qui démontre, encore une fois, que la vie de Jack (surnom de John) et Jackie Kennedy est un roman. Un roman qui a fasciné et façonné l'Histoire  de l'Amérique. 

Merci aux Editions de l'Archipel pour ce livre fascinant et merci à Maud Guillamin, pour la gentille dédicace. 

Maud Guillaumin: Jackie (les 4 jours qui ont changé sa vie), Editions de l'Archipel, 282 pages, 2017


mercredi 18 janvier 2017

La Discothèque du 20e siècle #200

En 1960, Henri Salvador, avec l'aide de Boris Vian, nous envoie le plus hilarant des messages, qu'il faudrait suivre à la lettre.

Henri Salvador: Faut rigoler (1960)




Précurseur du rock'n'roll français-parodique!- dès 1957 sous le nom de Henry Cording, avec la complicité de Boris Vian, Salvador est déjà dans les années 60, la star des petits et des grands, grâce notamment à ses formidables shows télévisés. Interprète attachant (le lion est mort ce soir, Syracuse, etc.), Salvador fait fureur dans les cours de récréation avec ce Faut rigoler qui fait se gondoler la France entière. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1960", Polygram Direct)

Bonne écoute!


mardi 17 janvier 2017

Kabukicho

4e de couverture: À la nuit tombée, Kabukicho, sous les néons, devient le quartier le plus sulfureux de la capitale nipponne. Au cœur de ce théâtre, les faux-semblants sont rois, et l’art de séduire se paye à coup de gros billets et de coupes de champagne. Deux personnalités dominent la scène : le très élégant Yudai, dont les clientes goûtent la distinction et l’oreille attentive, et Kate Sanders, l’Anglaise fascinante, la plus recherchée des hôtesses du Club Gaïa, l’un des derniers lieux où les fidèles apprécient plus le charme et l’exquise compagnie féminine que les plaisirs charnels. 

Pourtant, sans prévenir, la jeune femme disparaît. Le piège de Kabukicho s’est-il refermé ? À Londres, son père reçoit sur son téléphone portable une photo oùelle apparaît, les yeux clos, suivie de ce message : « Elle dort ici. » Bouleversé, mais déterminé à retrouver sa fille, Sanders prend le premier avion pour Tokyo, où Marie, colocataire et amie de Kate, l’aidera dans sa recherche. Yamada, l’imperturbable capitaine de police du quartier de Shinjuku, mènera quant à lui l’enquête officielle. 

Entre mensonges et pseudo-vérités, il sera difficile de démêler les fils d’une manipulation démoniaque ; pour le plus grand plaisir du lecteur.


Sensationnel! 
Il y avait longtemps qu'un livre ne m'avait pas autant capté et tenu en haleine.  
Kabukicho, le nouveau roman de Dominique Sylvain, est des plus captivant et ne se lâche pas une seule seconde. C'est bien simple, je l'ai lu d'une traite ce matin (merci les vacances qui permettent cela), voulant savoir à tout pris où cette histoire allait m' emmener.
Et, elle nous emmène loin: le Japon (que Dominique Sylvain connait bien pour y avoir habité plusieurs années) et plus particulièrement, le quartier chaud de Kabukicho, une Pigalle à la japonaise, avec ses hôtes et hôtesses. C'est dans ce quartier, que côtoie, Yudai, Marie et Kate, hôte et hôtesse de bar (des escorts pourrait on dire, par chez-nous) que l'intrigue commence, avec la disparition de Kate Sanders, une jeune anglaise, partie au Japon pour rencontrer Yudai, héros malgré lui d'un manga que la jeune femme lisait et dont elle  était fan.  
Tout le roman, va alors se focaliser sur cette disparition et, nous faire  suivre plusieurs personnages atypiques (comme Sanae, la tenancière du Bar Gaïa, Mamba, yakusa ou Akiko, une hôtesse de luxe qui peut se permettre  de s'offrir les services de Yudai...) qui vont nous dévoiler, par petites touche, cette histoire fascinante. 

Il va m'être difficile de parler de ce livre (comme à chaque fois que je lis un roman policier) car je ne voudrais pas trop en dévoiler pour tuer le suspense. Suspense très bien tenu par Dominique Sylvain, qui à l'art de parsemer son histoire de révélation (même si j'avais deviné qui se cachait derrière la disparition de Kate, je n'en ai pas moins pris du plaisir à poursuivre l'aventure pour suivre le cheminement. Et ce cheminement est quand même tortueux, pour arriver à la conclusion). 

Ce que j'ai également apprécié dans ce roman policier  psychologique, c'est le voyage qu'il m'a apporté. On sent que l'auteur connait le Japon parce qu'elle en parle tellement  bien et nous donne même les clés et les codes pour comprendre la culture nippone, très différente de notre monde occidental. Elle nous immerge complètement dans ce quartier chaud qu'est Kabukicho, entre hôtes et hôtesses qui donnent du plaisir, pas forcément charnel, plutôt, une compagnie pour noyer sa solitude, et les yakusas, qui tiennent ce quartier d'une main de maître, en "rackettant" les commerçants sur qui ils ont un moyen de pression ou la main mise sur leur établissement. 
C'est un dépaysement total que nous offre l'auteur: vous partez, au Japon pour quelques heures, sans avoir besoin de billets d'avion.  De, plus, le fait de suivre des personnages étranger à ce pays (comme Jason, le père de Kate, qui débarque à Tokyo pour retrouver sa fille disparue) ou des étrangers habitants dans ce pays (comme Marie, l'hôtesse de bar et amie de Kate)  fait que le lecteur que j'étais, a été embarqué plus facilement à la découverte de cette ville et plus particulièrement du quartier de Kabukicho (l'idée de l'auteur, d'inclure certains passages du roman que Marie est en train d'écrire sur son expérience, et qui nous décrit Kabukicho, est des plus captivants, car ils ne ralentissent pas le récit et nous immerge complètement. 

Puis, il y a la fin...mais la fin!... cette fin qui m'a laissé complètement pantois et le souffle court. Le twist final est des plus diaboliques et vous scotche à votre fauteuil. Une totale réussite que cette fin là. Sensationnelle. (on y revient).

Au final, (je sais, je ne dis pas grand chose sur l'intrigue, mais c'est un roman à suspense, il serait criminel de trop en dire) un roman addictif, qui vous dépayse totalement en vous faisant découvrir Tokyo et son quartier chaud, Kabukicho, avec une intrigue maîtrisée, une écriture au cordeau et qui vous happe dès les premières pages. Un roman que je vous conseille fortement. Dépaysement garanti. 

Merci aux Editions Vivane Hamy pour ce merveilleux voyage en terre nippone. 

Dominique Sylvain: Kabukicho, Editions Vivane Hamy, 278 pages, 2016


lundi 16 janvier 2017

Le grand combat

4e de couverture: À West Baltimore dans les années 1980, les gangs et le crack sont le seul horizon des gosses du quartier. Ta-Nehisi est voué lui aussi à devenir un bad boy. Mais son père Paul, ancien Black Panther passionné de littérature, lui fait découvrir Malcolm X et James Baldwin. C’est une révélation. L’adolescent rêveur, égaré dans les frasques d’une famille hors norme, se jure d’échapper à son destin. Épopée lyrique aux accents hip-hop, portée par l’amour et l’ambition, Le Grand Combat est l’histoire magnifique d’un éveil au monde, un formidable message d’espoir.

Parfois, en littérature, j'aime partir sur des chemins inconnus, qui ne sont pas forcément fait pour moi. Sortir de ma zone de confort pour parcourir des sentiers différents. 
C'est pour cela que je suis allé vers le livre de Ta-Nehisi Coates. Je savais qu'il ne serait pas totalement pour moi et que j'allais peut être ne pas m'y retrouver mais que le sujet m'intéressait tout de même pour me lancer dans l'aventure. 

Alors, ne nous leurrons pas, je n'ai pas totalement tout assimilé dans ce livre et certaines choses comme l'immersion du hip hop dans la vie de Ta-Nehisi, m'ont laissé sur le bas côté, car ce n'est pas ma culture et que je n'y adhère pas du tout. 

Mais, le parcours initiatique de Ta-Nehisi Coates est universel et parlera au plus grand nombre. Ce grand combat dont parle Ta-Nehisi, c'est celui qu'il a mené, grâce à ses parents, pour échapper à la drogue et aux gangs, et ce, par la Connaissance et les études. En clair, Ta-Nehisi aurait pu mal tourner si ses parents Paul Coates et Cheryl Waters,  n'avaient pas été là pour lui montrer la voie. 

Le père de Ta-Nehisi était un ancien Black Panter, qui avait l'idée de faire revivre les écrits noirs oubliés du plus grand nombre. Son rêve était de les rééditer pour les générations futures. 
Je trouve que Ta-Nehisi porte un regard admiratif,et juste sur son père: il ne l'idéalise pas, puisqu'il raconte les corrections à la ceinture qu'ils recevaient lui et ses frères, mais c'était l'éducation qui voulait cela.Puis, surtout, les corrections étaient toujours amenées avec une explications et n'étaient pas totalement gratuites. 

Bon, tout ne m'a pas plu dans ce livre: les chapitres sur le hip-hop ne m'ont pas emballé, mais c'est parce que ce n'est pas  ma culture et que les noms de rappeurs évoqués ne me disaient rien du tout (et ce malgré qu'il y ait un glossaire à la fin du livre avec les différents noms évoqués dans le livre (sauf que je n'allais pas voir à chaque nom évoqué, ce qu'il signifiait). 
En revanche, j'ai beaucoup apprécié le parcours scolaire de Ta-Nehisi: il était un élève moyen, au lycée, qui ne s'en laissait pas compter et qui a eu maille à partir avec certains professeurs qui lui manquaient de respect, ou parfois par des erreurs de jugement. C'est lors de ce parcours que l'image des parents est belle: ils ont toujours été là pour leurs enfants et ont essayé de prendre les bonnes décisions. 

L'auteur fait un parallèle entre son parcours scolaire et celui de son grand-frère, Big Bill,rebelle et qui a un peu mal tourné (en vendant de la drogue à l'université  et qui portait un flingue sur lui, pour jouer au dur et parce que c'était souvent comme ça dans les quartiers où habitat la famille de Ta-Nehisi) et c'est également un point intéressant pour comprendre le cheminement de deux parcours différents mais qui arrive au même point: celui de la connaissance et d'une meilleure vie, hors des gangs. 

La plume de Ta-Nehisi est des plus belles, au rythme emballant. On sent  un flow qui donne un rythme saccadé et vibrant au récit. Une langue belle et forte qui vous percute l'estomac et ne laisse pas indifférent. Une plume que la traductrice, Karine Lalechère, a su retrouver dans sa traduction. 

Au final, un récit initiatique qui donne de l'espoir (oui, on peut vivre dans des banlieues ou quartiers difficiles et s'en sortir, en évitant la drogue et les gangs) et qui devrait être lu par la jeune génération. Ta-Nehisi Coates livre un hommage vibrant à ses parents qui ont su l'élever, lui et ses frères et soeurs dans le poids de la connaissance et du travail. Un récit, qui, de par son côté personnel, devient universel et parlera à beaucoup de gens...même à ceux qui n'ont pas été élevé dans ces quartiers et cette culture hip-hop. 
Tout simplement, un grand combat pour la vie. 

Merci aux Editions autrement pour cette découverte. 

Ta-Nehisi Coates: Le grand combat (The Beautiful Struggle), Editions autrement, 268 pages, 2017


dimanche 15 janvier 2017

Slow Qui Tue #304: In the heat of the night

Le slow qui tue de la semaine se retrouve dans la chaleur de la nuit.

Imagination: In the heat of the night


Bonne écoute!


samedi 14 janvier 2017

Poldark Tome 1: Les falaises de Cornouailles

4e de couverture: 1783. Après avoir pris part à la Guerre d’Indépendance, le jeune et fougueux Ross Poldark quitte l’armée britannique et l’Amérique pour retrouver les siens.
C’est un homme blessé qui rejoint ses falaises de Cornouailles. Là, il trouve le domaine familial en déshérence : son père vient de mourir et Elizabeth, sa fiancée, a rompu sa promesse pour en épouser un autre…
Se repliant sur lui-même, il décide de relancer le domaine. Agriculture, élevage, prospection minière, il se bat sur tous les fronts. Et se lie même avec ses fermiers et ouvriers – quitte à se brouiller avec ses proches et l’aristocratie locale.
Un jour, lors d’une foire aux bestiaux, il prend la défense d’une fillette de treize ans, Demelza, qu’il ramène chez lui et engage à son service comme domestique.
Les années passent, Demelza s’épanouit. Et ce qui devait arriver… Quitte à choquer une fois de plus les bien-pensants, Ross n’écoutera que son cœur.


Poldark est devenue l'une des grandes séries de la BBC, apparue à l'écran en 2015 (diffusée chez nous en France en juillet 2016 sur "Netflix", et au printemps 2017 au Québec). Elle fait partie de ces adaptations littéraires qui font les beaux jours de la BBC depuis des années, et dont seule la chaine à le secret. 

J'avais pris connaissance de cette série, il y a peu, sauf que j'ignorais qu'elle était l'adaptation d'une série de romans (12 tomes publié entre 1945 et 2002) de Winston Graham (on lui doit également le roman "Pas de printemps pour Marnie" qu'Alfred Hitchcock, adapta de très belle manière). 
La série ayant débarquée dans nos contrées, l'année dernière, il était certain qu'un éditeur français allait faire traduire et publier les romans de la série. C'est ainsi qu'est sorti, il y a quelques jours (le 11 janvier 2017 pour être précis) le premier tome de la série Les Falaises de Cornouailles

 Je me suis plongé avec délice dans ce premier tome. Poldark a tous les attraits d'une belle et grande saga, avec amours compliquées, relations familiales conflictuelles, héros au grand coeur et dames en détresse, sans toutefois oublier le côté politique et social. 
En clair, "Poldark", c'est tout ce que j'aime trouver dans une saga, les paysages de Cornnouailles, en prime. 

Les personnages sont nombreux (cependant, on ne s'y perd pas trop) et ils embrassent toutes les couches sociales, que ce soit les aristocrates comme les Warleggan, les Chenoweth ou les Poldark (même si Ross fait partie d'une branche déchue après la mort de son père, ruiné) ou les gens du peuple comme Jim et Jinny Carter, Mark Daniel ou les Paynter qui "travaillent" pour Ross. 

J'ai bien aimé l'image romantique, mas également rugueuse de Ross: c'est typiquement le personnage viril qu'on apprécie dans ces séries. Il revient des Amériques où se déroulaient la guerre de l'Indépendance et retrouve un domaine ruiné, son père est mort et sa fiancée (Elizabeth) s'est promis à son cousin Francis Poldark. Il va alors tout faire pour reconstruire la mine familiale et tenter d'oublier Elizabeth. Sa rencontre avec Demelza, une ado de 13 ans, qu'il sauve au marché et des badauds et de son père ivrogne, va alors tout changer dans sa vie. 
Vous voyez, je ne vous mentais pas: tous les ingrédients d'une grande saga sont là et c'est un plaisir fou que de se plonger dans ces intrigues fort nombreuses (en même temps, les personnages sont nombreux, donc il faut bien leur trouver une histoire: d'ailleurs,  l'auteur à su bien gérer les histoires entre la Haute société (les amours contrariés de Vérity avec le capitaine Blamey, et l'histoire d'amour naissante entre Poldark et Demelza) et le Petit Peuple (l'arrestation de Jim Carter pour braconnage ou le mariage désastreux de Mark Daniel avec Rachel ,une comédienne itinérante), tout cela fait qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer. 

Le seul bémol, que je noterais,(mais il est d'importance),c'est que les années sont survolées. Entre le début et la fin de ce premier tome, 6 ans se sont écoulées (la Révolution qui commence à poindre en France en 1789, est même évoquée, à la fin du roman), et ce sur seulement 300 pages. Ce qui fait que 6 mois peuvent s'écouler entre deux chapitres. J'ai alors eu le sentiment d'avoir des événements de la vie des héros, pris par ci par là, et que l'auteur en occultait forcément. Disons que la relation amoureuse qui s'installe entre les héros m'a parue rapide et peu crédible (n'oublions pas que Demelza a 13 ans, lors de sa rencontre avec Poldark qui a la vingtaine). Ceci s'explique par le fait qu'on passe de l'année 1784 à l'année 1787, en un chapitre, sans trop de transition(on a alors pas le temps de voir l'évolution des sentiments entre les deux héros. 
Alors, je sais, c'est un petit détail, mais qui peut être déstabilisant. 

Cela ne m'a toutefois pas empêché de  passer un moment fort agréable en Cournouailles. 
Surtout qu'à la fin du roman, les événements s'emballent et les destins de nos héros sont mis à mal,et c'est là  que le roman en devient addictif et ne se lâche pas une minute (c'est bien simple, j'ai lu les 100 dernières pages d'une traite). Puis, il y a cette fin, qui n'en est pas une, et qui est ouverte au possible, puisque beaucoup de questions restent sans réponses. On a alors qu'une hâte: vouloir lire la suite...qui arrivera en mars 2017, en librairie. 

Au final, une saga britannique captivante, qui m'a fait passer d'agréables moments, car elle contient tout ce que j'aime: les amours impossibles, les conflits d'intérêts, les injustices faite aux petites gens, les héros au grand coeur, toujours teintée des événements de l'histoire. Je suis  ravi de cette lecture, malgré le bémol évoqué plus haut, et la recommande aux amoureux des belles sagas anglaises, qui font chavirer notre petit coeur, et j'ai hâte d'être en Mars, pour connaître la suite. Pour patienter, je referai bien un petit tour dans les Cornouailles en visionnant la série. 

Merci aux Editions de l'Archipel  pour la découverte de cette formidable saga. Et vite, la suite! 

Winston Graham: Poldark; T.1: les falaises de Cornouailles, (Ross Poldark), L'Archipel, 313 pages, 2017

mercredi 11 janvier 2017

Dalida, une vie brûlée

4e de couverture:(de l'édition grand format) Elle a mis de l'ordre dans la maison. Elle a revêtu un déshabillé de soie blanche. Elle a pris soin d'avaler par petites poignées les pilules. Puis elle a tracé quelques mots sur un carton blanc : « La vie m'est insupportable. Pardonnez-moi. » 
 Ainsi nous quittait Dalida, star de lumière secrètement hantée par l"obscurité. C'était le 3 mai 1987, il y a vingt ans. Nul ne l'a oubliée. Rien que des larmes, encore des larmes, toujours des larmes. 
Bernard Pascuito retrace avec émotion le destin à la fois merveilleux et tragique de cette chanteuse qui a conquis les foules et dont les mélodies nous bercent encore. Une artiste comblée, adorée par ses proches, mais aussi une femme solitaire. Trois de ses compagnons s'étant suicidé, elle avait fini par croire qu'elle portait malheur. Et souffrait plus que tout de n'avoir pas d'enfant. Longtemps, sous les paillettes, elle put dissimuler les pleurs. Mais c'est si fatiguant, de faire semblant d'être heureuse? 


La grande Dalida nous manque depuis bientôt 30 ans (le temps passe trop vite). 2017 sera assurément son année, avec des (ré)éditions de livres  sa discographie va ressortir, mais également un biopic qui sort, ce jour même, au cinéma
C'est ainsi que les éditions de l'Archipel réédite le livre que Bernard Pasciuto consacra à l'artiste en 1997 (qu'il ressorti en 2012 avec de nouveaux témoignages) pour rendre hommage  à l'artiste. 

Je vais être honnête, je n'ai rien appris de plus sur Dalida en lisant ce livre. M'intéressant à l'artiste depuis plusieurs années, je connaissais les grandes lignes de sa douloureuse vie. 
Toutefois, ce fut un "plaisir" (entre guillemet car je ne prend pas plaisir du malheur des autres, et celui de Dalida me bouleverse) de lire, dans un style simple et fluide la vie de la femme...C'est, en effet, ce que je constate à la lecture de ce livre. Bernard Pascuito nous en dit plus sur Yolanda, la femme, que Dalida l'artiste.

Il revient sur son enfance en Egypte où elle était la risée de ses camarades de classe, en cause:  des grosses lunettes qu'elle était obligé de porter à cause de son strabisme, de son envie de devenir une star de cinéma. Sur son arrivée à Paris, sa période de vache maigre, sa rencontre avec Alain Delon, qui rêve de devenir comédien, et  qui habitait le même immeuble. Sur le concours à l'Olympia et sa rencontre avec Lucien Morisse (qui deviendra son mari) et Eddie Barclay, qui vont lancer sa carrière, avec "Bambino". Il parle également et surtout des hommes de la vie de Dalida, et revient plus particulièrement sur les trois hommes qui ont compté dans sa vie et qui ont le malheureux point commun de s'être suicidé (Lucien Morisse, en 1970, Luigi Tenco, quelques années avant et Richard Chanfray, dit, le Comte de Saint Germain, dans les années 80). 

L'originalité de cette biographie est dans son découpage (mais c'est aussi ce qui fait son léger défaut): l'auteur prend le parti de raconter la vie de Dalida par thème, en oubliant le côté chronologique: chaque chapitre revient sur un aspect de Dalida: le jour de sa mort, qui débute le livre, l'enfance de Dalida, son arrivée à Paris, un chapitre sera consacré à Lucien Morisse, un autre à Luigi Tenco et un sur Richard Chanfray, son envie d'enfant est mentionné dans le chapitre 9, sa beauté, son problème aux yeux. Un chapitre sera également consacrée à sa carrière. 
Ce procédé fait qu'on se ballade au gré de ces thèmes de manière aléatoire. Le seul inconvénient, c'est qu'il y a certaines redites, comme le suicide de Lucien Morisse, qui est mentionné plus d'une fois. Il y a même eu un effet bizarre lors de ma lecture: j'ai eu l'impression de vivre la "résurrection" de Lucien Morisse: Ce dernier étant le premier à qui Bernard Pascuito consacre un chapitre dans le livre, et que celui ci se termine par sa mort, il est tout à fait "normal", de le revoir mentionné, mais vivant, dans le chapitre suivant consacré à Luigi Tenco (puisque le suicide de Tenco a eu lieu avant celui de Lucien Morisse). Ce qui me fit ressentir un sentiment étrange. 
Une lecture aléatoire peut aussi être possible, ainsi, nous n'avons pas ce sentiment là. En fait, c'est cela, Dalida, une vie brulée, est un livre qui se lit, par petites touches, en lisant un chapitre, par ci, par là. 
Les trois témoignages (celui de Arnaud Desjardins (ami philosophe de Dalida), Jean-Luc Lahaye (que Dalida hébergea au dernier étage de sa maison rue d'Orchampt, à son arrivée à Paris) et Jack Henry Soumère (qui supervisa ses spectacles), nous montre une Dalida très différente, et parfois sans complaisance, surtout sur le côté artiste, où elle était, semble t'il tyrannique (elle s'en amuse d'ailleurs dans la chanson "Comme le disait Mistinguett"). Ces témoignages complètent admirablement le livre, tout comme le dernier chapitre, consacré aux témoignages des proches, des amis, ou des personnalités, qu'ils donnèrent après la mort de Dali. 

Au final, un petit livre, qui se lit très facilement, et qui peut servir de porte d'entrée, pour mieux connaitre la femme qui se cachait derrière l'artiste, soit avant ou après avoir vu le film de Lisa Azuelos, qui sort, ce mercredi 11 janvier 2017. 




Merci aux Editions de L'Archipel pour ce bouleversant moment en compagnie de Dalida.

Bernard Pascuito: Dalida, une vie brûlée, L'Archipel, 280 pages (+ 8 pages de photos), 2012 (réédition en 2017)


La Discothèque du 20e siècle #199

En 1950, Yves Montand chante une chanson de Prévert et Kosma devenu un classique.

Yves Montand: les Feuilles mortes (1950)






On recense plus de 200 versions de la célèbre chanson du tandem Prévert/Kosma. Cora Vaucaire devait la chanter dans Les Portes de la nuit de Marcel Carné (1946) mais c'est finalement Yves Montand qui la mettra à son répertoire, avant Juliette Gréco et Edith Piaf, qui en assurera la promotion outre-Atlantique. les feuilles mortes deviennent alors Autumn leaves. Et de grands musiciens de jazz s'en emparent, notamment Nat King Cole et Miles Davis...jusqu'à l'ultime détournement qu'en réalise en 1961, Serge Gainsbourg avec La chanson de Prévert. (Source: Fiche "Les feuilles mortes", Collection" Plaisir de Chanter", Editions Atlas)

Bonne écoute!


dimanche 8 janvier 2017

Ce que tient ta main droite t'appartient

4e de couverture: Si ce soir-là Charlotte n’était pas sortie dîner entre filles, elle promènerait Isis dans les allées d’un square. Il lui achèterait des livres qu’elle laisserait traîner sur la table de nuit. Chaque jour, elle serait plus belle. Chaque jour, il serait plus amoureux. Ils boiraient du Sancerre au bonheur de leurs 30 ans, danseraient sur Christine and the Queens. La vie ne tient parfois qu’à un bas filé…

Le miracle n’arrivera pas : cette nuit-là, Karim perd tout. Son désir de vengeance va le mener jusqu’aux ruines d’Alep, au cœur de la machine à embrigader de Daech. Là où se cachent les monstres, mais aussi les centaines d’égarés qui ont fait le mauvais choix pour de mauvaises raisons. Là où il faudra lutter pour ne pas ressembler aux bourreaux.

Un voyage réaliste au pays mal connu de l’embrigadement et de toutes les violences. 

La lecture est, pour moi, l'un des moyens de m'évader et d'oublier mon quotidien, et la dure réalité de la vie (l'actualité nous le démontre tous les jours). 
J'aime lire des romans, parce qu'ils me font oublier tout ça et m'emmène dans des contrée inconnues. Je fuis les romans trop proches de notre réalité. 
Pourtant, le roman de Pascal Manoukian, de par son sujet très actuel, nous plonge en plein dans ce monde que je fuis lors de mes lectures. 
Alors pourquoi avoir voulu me plonger dans ce livre? Par envie de comprendre, et je trouvais que la fiction était probablement une bonne porte d'entrée. 

En refermant le livre, j'ai compris que j'avais vu juste. 
Pascal Manoukian réussit le tour de force d'emporter le lecteur dans ce pays, si loin de nous qu'est la Syrie, et ce, par le biais de son personnage principal Karim, en nous  décrivant ce pays le plus justement possible, dans un style vif, bien pensé et très juste.

Le lecteur peut se comparer à Karim, qui perd la femme qu'il aime dans un attentat  et qui désire se venger. Il va alors faire toutes les démarches pour se faire embrigader par Daech, afin de les détruire de l'intérieur (douce utopie): ainsi, Pascal Manoukian nous décrit, dans les moindres détails, toutes les étapes pour arriver jusqu'en Syrie. 
J'ai senti, dans le style de l'auteur, son passé de reporter. Il a ce ton journalistique, qui explique de façon clair, toutes ces étapes, les prises de consciences, tout ce qui amène ces jeunes à partir en Syrie. Il parle de la Syrie et de son histoire, et nous la décrit comme jamais (on sent que l'auteur à probablement connu la Syrie, de manière dont il la décrit) sans oublier qu'on est dans un roman. 

C'est un roman addictif, qui nous tient en haleine (je me suis souvent demandé comment Karim allait se sortir de ces situations périlleuses) ,mais qui n'oublie pas de nous faire réfléchir. Ces moments de réflexion sont importants pour comprendre les enjeux et les jeux de pouvoir qui se jouent en Syrie. 
En fait, ce livre, c'est un bon shoot de réalité que l'on se prend en pleine figure (et c'est assez violent, je vous l'accorde. Il faut avoir le coeur bien accroché et ce n'est pas forcément un livre fait pour tout le monde); mais qui a le mérite de nous dire, le plus simplement du monde, ce qu'est Daesh et tout ce que leurs actions impliquent. 

Tout du long, je me suis demandé comme l'auteur allait conclure ce livre (il m'était inconcevable qu'il y ait un happy end): Pascal Manoukian a su donner à son livre une fin surprenante, à laquelle je n'aurai pas pensé mais qui me semble très appropriée. Chapeau à l'auteur pour avoir pensé à cette fin surprenante. 

Au final, un roman nécéssaire, qui permet de nous faire comprendre ce qu'est la nébuleuse Daech,  qui nous parle, sans langue de bois, de manière simple et directe, de ce pays si loin (la Syrie): et tout ça, en nous donnant les clefs de compréhension et de réflexion pour mieux saisir tout ce qui se joue là bas. Un roman saisissant et important qui pourrait faire date, dans la littérature contemporaine. 

Merci aux Editions Don Quichotte pour cette surprenante plongée dans le monde terrifiant de Daech.

Pascal Manoukian: Ce que tient ta main droite t'appartient, Editions Don Quichotte, 286 pages, 2017


Slow Qui Tue #303: Big big world

Le slow qui tue de la semaine  se sent seule dans ce grand monde.

Emilia: Big big world


Bonne écoute!


jeudi 5 janvier 2017

Le dernier arrivé

4e de couverture: Ninetto, 57 ans, incarcéré dans une prison milanaise pour encore quelques
semaines, repense à sa jeunesse.
À 9 ans, alors qu’il se rêve poète, il abandonne à contre-coeur sa Sicile natale pour Milan. À l’aveuglette, il arpente la ville inconnue, trouve un logis, un emploi… et les années passent, jusqu’à ce que l’enfant déjà un peu adulte s’efface pour devenir adolescent, découvrir l’amour. Après une brève fuite pour se marier avec la jeune Maddalena, Ninetto entre chez Alfa Romeo, où il travaillera sur une chaîne de montage pendant trente-deux ans. Le couple a une fille, Elisabetta.
Parallèlement, on découvre le présent de Ninetto : la prison, ses camarades de cellule, sa libération… Il retrouve Maddalena et une vie qui ne l’a pas attendu : la ville a changé, les usines ont fermé, Ninetto ne s’y reconnaît plus. 
Les deux récits finissent par se rencontrer et l’on comprend pourquoi Ninetto a été emprisonné, pourquoi Elisabetta ne lui parle plus et refuse qu’il rencontre sa petite-fille de 5 ans.
Dans un style vif, Marco Balzano signe l’histoire d’un petit garçon devenu homme, mais aussi celle des « derniers arrivés » et les évolutions d’une société. Un récit d’autant plus fort qu’il offre une réflexion sur les migrants et leur condition.

Le dernier roman de Marco Balzano a, sous ses côtés de chronique italienne intemporelle, une résonance dans notre actualité. 
En effet, il parle de ces siciliens qui ont émigré vers l'Italie du Sud dans les années 60. Et c'est plus particulièrement à la migration enfantine que se penche Marco Balzano, à travers Ninetto, puisqu'il n'a que 9 ans, quand il quitte la Sicile pour Naples, avec son "pays" (son compagnon de route). 
Il y a du Dickens dans le parcours du petit Ninetto. Au début de ma lecture, j'ai vu dans le petit Ninetto de 9 ans, Oliver Twist: le départ, la solitude et la misère (les petits boulots où Ninetto se fait exploiter). 
Ce qui a retenu mon attention dans cette histoire, c'est ce suspense que l'auteur met en place en passant du passé au présent:au début du roman, Ninetto est en prison et c'est en voyant, dans la cour de la prison, la vision de son ancien instituteur, que les souvenirs revienne et que Ninetto embarque le lecteur dans ses souvenirs. Ainsi, il retient l'attention du lecteur qui se demande pourquoi Ninetto s'est retrouvé en prison. 

J'ai aimé la découverte de cette Italie des années 60, et le parcours chaotique du jeune Ninetto. J'avoue cependant, que les passages entre passé et présent qui s'entrecroisent, sans trop de distinction étaient un peu difficile pour me repérer. Cependant, ils sont essentiel pour maintenir le suspense et pour donner toutes les clefs de compréhension au lecteur: car ce dernier ne sait qu'à la fin pourquoi Ninetto s'est retrouvé en prison. 
C'est une chronique douce-amère que nous raconte l'auteur: la vie de Ninetto n'est pas des plus roses et il est souvent entouré de loosers (comme son père ou Giuvà son "pays"). 
"Le dernier arrivé", c'est une langue qui chante à notre oreille et certains mots ou expressions italiennes, qui nous fait instantanément voyager. C'est aussi, le parcours de réinsertion d'un homme qui a gâché sa vie à un moment, sans qu'il sache trop pourquoi il en est arrivé là (il se sent un peu comme "L'étranger" de Camus, en ce sens) et qui n'arrive pas à se reconstruire. L'auteur décrit très bien ce difficile retour à la vie réelle en se glissant dans la peau de ce sicilien émigré qui ne sait plus vraiment qui il est. 

Au final, un roman au sujet d'actualité, qui donne a réfléchir sur la place des migrants, mais aussi des prisonniers, qui se retrouvent aux prises avec la vie réelle. La vie de Ninetto est une vie à la Dickens, où tout le monde se retrouve un peu. car on est tous "l'étranger de quelqu'un". Une jolie plume que celle de Marco Balzano (très bien traduite par Nathalie Bauer) que je vous encourage à découvrir. 

Merci aux Editions Philippe Rey pour cette découverte.

Marco Balzano: Le dernier arrivé (L'ultimo arrivato), Philippe Rey, 240 pages, 2017