jeudi 28 avril 2016

Tout est sous contrôle

4e de couverture: Olympe a 38 ans, un emploi de photographe culinaire qui ne lui plaît qu'à moitié, une fille de 12 ans bien plus mature qu'elle, une famille déjantée, des copines délurées et un ex-mari, Bertrand, qui l'appelle chaton. Lorsqu'elle perd son job, elle supplie son meilleur ami Hugo, qui tient une agence de détectives spécialisée dans les arnaques aux assurances de l'embaucher. Faisant valoir son expérience de photographe, elle réussit à intégrer l'équipe de détectives à une condition : elle ne devra s'occuper que des affaires les plus simples. Bien entendu, Olympe n'est pas assez raisonnable pour respecter les consignes et l'appel des commissions versées à chaque résolution d'affaires est trop fort pour qu'elle garde ses fesses confortablement posées sur le siège de sa voiture... Mais que va-t-il se passer quand les cadavres commencent à s'accumuler et que l'on cherche à l'éliminer à son tour ?

Sophie Henrionnet aime apparemment se balader entre les genres, passant de la chick lit, au roman contemporain. Ici, elle s'essaye à la comédie policière. 
Avec son héroïne, Olympe McQueen, elle arrive brillamment à mettre en place un univers déjanté, mais très plaisant, où le lecteur se sent bien. 

Ce roman est tout bonnement jubilatoire. C'est à pleurer de rire, tellement les aventures rocambolesques d'Olympe ne manquent pas de piquant, mais surtout qu'elle a son franc-parler et sa bonne humeur.
Le point de départ du roman nous met de suite dans l'action et on ne peut pas le lâcher une seule seconde avant d'avoir eu le fin mot de l'histoire. En effet, Olympe se retrouve, dès la première page, dans une situation périlleuse avec un cadavre sur les bras. Ensuite, survient un flashback, qui nous ramène deux semaines avant les événements cités. Cette situation d'accroche est l'apanage des séries policières et est un bon moyen de retenir l'attention. 

Ce roman est un peu un roman d'exposition (qui je l'espère en appellera d'autres) , qui nous présente le nouveau job d'Olympe, et toute la fine équipe qui gravite autour d'elle: de Hugo, son meilleur ami (et accessoirement son patron), à Stella, en passant par l'énigmatique et beau Vincent, Hubert, Laurent (ses collègues détectives) et l'introvertie Antoinette, la secrétaire. Mais, il y a aussi, les personnages de sa vie privée, qui sont aussi jouissif à suivre, sa fille, Aglaé, (qui, du haut de ses douze ans, est la plus adulte des deux) son ex mari, Betrand, ses parents, sa grand-mère, hyper fantasque, Mamie Jeanne, et son nouveau voisin, Mathieu, flic de son état, qu'elle va embarquer dans ses aventures. 

Alors, il est vrai que l'intrigue policière n'est pas ce qui retient l'attention: non, c'est clairement Olympe qui emporte l'adhésion. Puis, l'auteur décrit parfaitement le métier de détective, entre planque et attente. 
J'ai adoré suivre ses aventures: avec un style enlevé, drôle, qui va à cent à l'heure, des dialogues percutant qui fusent comme dans une comédie, on ne s'ennuie pas une minute et les pages se tournent très facilement...et on tourne la dernière page beaucoup trop rapidement, un peu déçu, j'avoue, de quitter Olympe et sa fine équipe. 

Au final, une comédie policière enlevée, drôle et décapante, avec une héroïne géniale, qu'on adorerait avoir pour copine. En fait, cela m'a fait penser à Stéphanie Plum, l'héroïne de Janet Evanovitch. Alors, si vous aimez les aventures de Stephanie Plum, vous aimerez tout autant celles d'Olympe McQueen, parisienne de 38 ans, qui se retrouve détective par hasard.  En espérant la retrouver dans de prochaines aventures. Si vous avez envie de passer un moment sympa, n'hésitez pas une seconde: le tumultueux quotidien d'Olympe McQueen ne peut que vous ravir. 

Merci à Eric et aux Editions Charleston pour cette rencontre formidable. 

Sophie Henrionnet: Tout est sous contrôle, Charleston, 382 pages, 2016


mercredi 27 avril 2016

La Discothèque du 20e siècle #164

En 1986, un groupe toulousain nous faisait danser avec leurs démons, bien au delà de minuit.

Images: les Démons de minuit (1986)




Originaires de Toulouse et épaulés par le vétéran Richard Seff, les trois du groupe Images atteignent le million de singles vendus avec les sympathiques "Démons", n°1 du Top durant tout l'été 1986. Mais saviez-vous qu'à l'origine Les démons de minuit était une chanson écrite en anglais sous le titre Love Emotion? Après, bien sûr, il y eut Corps à corps et Le cœur en exil, qui démontre que Images excelle aussi dans la ballade, après deux titres aussi énergiques. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1986", Polygram Direct)

Bonne écoute!


dimanche 24 avril 2016

Les Trois médecins

4e de couverture: Un médecin, ça n'a pas toujours été médecin. 
En 1974 – vingt ans avant La maladie de Sachs –, Bruno Sachs entre à la faculté de médecine de Tourmens. Il se lie d'amitié avec André Solal, Basile Bloom et Christophe Gray, trois étudiants voués à la médecine générale. 
Au cours de ces sept années de faculté, ils vont apprendre leur métier, mais aussi côtoyer les militants de l'IVG et de la contraception, contester l'enseignement de mandarins hospitaliers, militer pour une médecine plus humaine... 
Pour devenir médecins – pour devenir des hommes –, Bruno et ses trois camarades devront vivre plusieurs histoires à la fois : l'histoire d'une formation ; l'histoire d'un grand amour ; l'histoire d'un engagement moral et politique ; l'histoire d'une profonde amitié. Des histoires comiques et tragiques. Des histoires où l'on vit pleinement et où, parfois, l'on meurt. 
Comme dans un roman d'aventures. 
L'ambition de ce roman polyphonique est non seulement de raconter comment Bruno Sachs est devenu ce qu'il est, mais quel monde, il y a trente ans, a préparé celui que nous connaissons aujourd'hui.

Après plusieurs années d'attentes, j'ai enfin sauté le pas afin de découvrir la plume de l'écrivain Martin Winckler (après avoir découvert celle du passionné de séries). 
Et j'ai décidé de faire le grand saut avec un petit pavé de plus de 700 pages (alors que j'aurai pu commencer par le bref roman La vacation), tout ça pour découvrir les années d'apprentissage de Bruno Sachs (l'un des héros récurrent de Martin Winckler) avant ses années de pratique évoquée dans La vacation ou La Maladie de Sachs
J'ai été estomaqué par ce roman fleuve, de par sa construction: ces voix multiples qui nous racontent leurs expériences en faculté de médecine, ces 7 années de pratiques (dont la première est survolé en un petit chapitre) qui nous sont dévoilées sans fard, avec justesse, sensibilité mais aussi sans concession. 

Alors, il est vrai qu'on s'y perd un peu dans tous ses personnages évoqués, et on en retient peu finalement (Bruno et ses trois amis Christophe, Basile et André; Charlotte, Emma, Mathilde, Monsieur Nestor...) mais leur parcours est tout aussi passionnant à suivre. 
Ce roman revient sur une période charnière de la médecine, surtout en ce qui concerne les femmes: en effet, Bruno commencent ces études de médecine lors de la promulgation de la Loi Veil, sur l'avortement. L'auteur y parle alors de grossesse, d'avortement, mais également de la place des femmes dans la société, et plus particulièrement dans le monde médical. Certains passages sont misogynes mais ils faut les replacer dans le contexte de l'époque. (les années 70), mais aussi sur une pratique plus humaine de la médecine et moins hiérarchisé, moins élitiste. 
Ce roman est un roman médical, et j'avoue m'être senti perdu dans certains passages du roman, qui sont un peu technique (surtout dans les parties concernant Le Manuel (journal conçu par Bruno et ses amis), mais, même si je ne comprenais rien à ce que je lisais, ces passages là donnent un ton et une couleur particulière au roman. 

L'un des points qui m'a comblé lors de ma lecture est la référence permanente à Alexandre Dumas et à son roman le plus célèbre Les Trois Mousquetaires (même le titre du roman de Martin Winckler est une référence à ce roman de cape et d'épée). En fait, Les Trois médecins est une "réécriture" des Trois Mousquetaires. Beaucoup de passages du roman de Dumas sont "retranscrit" (bien évidemment dans le contexte médical du roman et de l'époque moderne): la rencontre entre Bruno/D'Artagnan et ses trois camarades: Christophe/Athos, Basile/Porthos et André/Aramis, l'affaire des Ferrets (qui ici concerne un stylo), la vengeance de Mathidle/Milady envers Bruno/D'artagnan. J'ai adoré retrouver ces passages là, qui font de  ce roman médical, un roman d'aventures captivant. 
J'ai trouvé que cet hommage était bien mené par Martin Winckler, qui tient son roman jusqu'à la dernière page, qui termine le roman sur un petit clin d'oeil supplémentaire. 

Au final, un roman polyphonique, sur le monde médical des années 70 (et surtout les années d'apprentissages de la médecine), qui m'a passionné de bout en bout et qu'on a peine à lâcher. Un roman mené tambour battant mais qui sait aussi poser les bonnes questions et les bonnes réflexions sur le monde médical et plus particulièrement sur une médecine, plus juste, plus humaine, moins chiffré, moins élitiste, sur la place des femmes dans cette société d'hommes. Ou comment se cultiver en se divertissant. 
Je suis ravi d'avoir découvert la plume et l'univers fictionnel de Martin Winckler, que je retrouverai dans d'autres romans, c'est sûr. Et ça tombe bien, j'en ai encore certains qui attendent d'être lu. Si c'est pas génial ça! 

Martin Winckler: Les Trois médecins, Folio, 750 pages, 2004


Slow QUi Tue #275: Will you

Le slow qui tue de la semaine parle d'une énième rencontre.

Hazel O'Connor: Will you



Bonne écoute!


mercredi 20 avril 2016

La Discothèque du 20e siècle #163

En 1981, Buzy faisait le "buzz" avec sa chanson très dyslexique.

Buzy: Dyslexique (1981)




Après une initiation au spectacle dans la troupe du délirant Rocky Horror Picture Show, Marie-Claire Buzy enregistre en 1981 son premier 45 tours, Dyslexique, qui suit de près les traces de la Belgo-portugaise Lio (Amoureux solitaires) dans le genre "chanteuse new wave". A mi chemin du rock et de la variété, c'est un gros succès, tout comme l'album Insomnies (avec sa pochette signée Mondino), qui contient aussi l'efficace Engrenage. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1981", Polygram Direct)

Bonne écoute!


dimanche 17 avril 2016

Slow Qui Tue #274: Elle imagine

Le slow qui tue de la semaine imagine une vie qui vient de ses racines.

Nacash: Elle imagine



Bonne écoute!


vendredi 15 avril 2016

Jane Birkin: "la vie ne vaut d'être vécue sans amour"

4e de couverture: Les années passent, Jane Birkin reste une icône. Tour à tour scandaleuse à ses débuts sur grand écran dans Blow Up d’Antonioni, puis murmurante en muse de Gainsbourg dont elle demeurera l’héritière et la meilleure interprète, cette « ex-fan des sixties » a su se faire une place dans le cœur des Français.
C’est à partir de 1968, et sa rencontre avec Serge Gainsbourg (qui se remet difficilement de sa rupture avec BB) qu’elle connaît la consécration en France. Tous deux forment alors le couple bohème post-soixante-huitard du Paris germanopratin. Elle joue dans La Piscine de Jacques Deray, aux côtés d’Alain Delon et Romy Schneider, chante avec Serge (« Je t’aime, moi non plus »), puis en solo.
Elle trace ainsi son chemin, avec sa légèreté et sa fantaisie so british, enchaînant dans les années 1980 des collaborations au cinéma, avec des réalisateurs tels Jacques Doillon ou Jacques Rivette, ou au théâtre avec Patrice Chéreau.
Après la disparition de Serge en 1991, à qui elle ne cessera de rendre hommage,  « Jane B. » reste sur le devant de la scène, pour la musique comme pour les combats qu’elle mène à travers le monde. Avec cette flamme qui, malgré les épreuves, ne s’est jamais éteinte.


Ma rencontre avec Jane Birkin, lors d'une dédicace organisée à la Fnac de ma ville, quelques heures avant son concert (auquel je n'ai pas pu assister, malheureusement) restera l'un des moments les plus émouvants. 

Quand j'ai eu la surprise de recevoir cette biographie, je me suis dit que j'allais enfin savoir si Jane est telle que je l'ai vu: une femme simple, avec un coeur gros comme ça. Car, de Jane Birkin, je ne savais rien, mis à part, qu'elle était chanteuse, muse et compagne de Gainsbourg et également actrice, à ses heures. 


(Di doo dah, la chanson qui la décrit probablement le mieux)

Dans cette biographie, Frédéric Quinonero dresse le portrait d'une femme touchante, fragile (en apparence), rempli de doute, et qui, de par ses engagements, montre un coeur immense. En lisant ces pages, j'ai compris que j'étais passé à côté d'une artiste à part entière et qu'il fallait y remédier.
De son enfance en Angleterre, à ses débuts au cinéma. De son premier mariage avec le compositeur John Barry (qui verra la naissance de Kate) à sa rencontre avec Gainsbourg sur le film Slogan de Grimblat. A ses débuts de chanteuse, lors de ce fameux duo "scandaleux", Je t'aime moi non plus", jusqu'à ses débuts de réalisatrice, et son engagement pour le Japon, la Birmanie..., c'est là qu'on se rend compte du destin exceptionnelle de cette grande artiste. 

Sa vie est un roman...un roman passionnant qui m'a fasciné et qui m'a fait aimer encore plus Jane Birkin. De plus, Frédéric Quinonero donne une part belle, dans le livre, à la carrière cinématographique de Jane (me montrant surtout qu'elle était également une immense actrice, qui n'a peut être pas eu de chance dans ce métier là, reléguant celui ci au second plan, ne gardant, pour la postérité que le côté chanteuse). 

Frédéric Quinonero décrypte très bien la relation de Jane et Serge, montrant, par exemple, que ce dernier vivait très mal la popularité de Jane (que ce soit avec ses albums Di doo dah ou Lolita go home ou des films comme La moutarde me monte au nez, faisant d'elle une actrice de films comiques populaires) alors qu'il vivait des échecs avec des albums comme Melody Nelson ou L'homme à la tête de chou (albums concepts ayant connu un échec retentissant à leur sortie,  et qui sont devenus cultes aujourd'hui. Gainsbourg était probablement en avance sur son temps) mais aussi que Gainsbourg, se fabriquant un personnage (Gainsbarre) retrouvera son côté Gainsbourg en faisant chanter sa souffrance et faire resurgir son côté féminin, par la voix de Jane. 
L'auteur, met aussi l'accent sur la carrière cinématographique de Jane et là, c'est un véritable tourbillon: elle a tourné avec les plus grands: Wargnier, Rivette, Doillon, Deray... Elle est également une auteure, une réalisatrice (chose que je ne savais pas) ayant réalisé Boxes et écrit les chansons de son dernier album Fictions
L'auteur n'oublie pas le côté maternelle de Jane. Car, avant tout, Jane Birkin est une femme et une mère, fière de ses trois filles, Kate, Charlotte et Lou, qui sont évoqué, au fil des pages. 

En résumé, cette biographie de Jane, ravira les fans de l'artiste, mais également ceux qui, comme moi, ne connaissent qu'un aspect de cette grande dame et qui, curieux, vaudront en savoir plus. Puis, le livre refermé, vous n'aurez qu'une envie: découvrir son oeuvre musicale et cinématographique. 
Pour ma part, je n'oublierai jamais cette rencontre furtive quelques heures avant son concert. Et je n'aurai qu'un regret: ne pas l'avoir vu sur scène, dans son spectacle Arabesque (qui est mon album live préférée de Jane), où elle aurait probablement chantée ma chanson préférée: 

Amour des feintes

Merci aux Editions de l'Archipel pour cette formidable découverte de l'univers "Birkinien". 

Frédéric Quinonero: Jane Birkin "La vie ne vaut d'être vécue sans amour", L'Archipel, 270 pages, 2016




mercredi 13 avril 2016

La Discothèque du 20e siècle #162

En 1979, Angelo Branduardi connaissait un succès retentissant avec sa demoiselle.

Angelo Branduardi: la Demoiselle (1979)





Comme le raconte Yann Plougastel dans son dictionnaire Larousse de la chanson mondiale, Branduardi est à la fois un musicien surdoué et un troubadour à la chevelure angélique lorsqu'on le découvre dans l'Hexagone en 1979 avec ce titre, dont les paroles en français sont signées Etienne Roda Gil, alors qu'il est déjà une superstar dans son Italie natale. En 1980, il revient se balader dans les classements français avec un autre tube fameux, Va où le venet te mène. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1979", Polygram Direct)

Bonne écoute!


dimanche 10 avril 2016

Slow Qui Tue #273: Dream a little dream

Le slow qui tue de la semaine rêve d'un petit rêve.

Mama Cas: Dream a little dream



Bonne écoute!


jeudi 7 avril 2016

Martin de La Brochette

4e de couverture: Grassouillet, affublé d'un anti-don pour les études, Martin de La Brochette est l'antithèse et le mal-aimé de sa très versaillaise famille BCBG.
Mais celui qu'"affectueusement" les siens surnomment "p'tit boudin", aidé d'un appétit hors norme pour la vie, n'a qu'une idée en tête : exercer, accompagné de sa femme rondelette qu'il aime plus que tout, la profession, inconcevable dans son milieu, qui l'attire depuis toujours.
Réussira-t-il à réaliser son rêve d'enfant?


Jubilatoire! Une petite bulle de rire, qui éclate dans notre vie et qui éclaire notre journée. 
Voilà ce qu'est Martin de la Brochette, le premier roman de Thierry des Ouches, dont j'avais découvert la plume, l'année dernière avec son 2e roman: "Dans le décor" (qui était beaucoup plus cynique et sombre, mais qui dressait un portrait sans concession du monde du cinéma). 

Ici, nous sommes dans la comédie pure avec un personnage, truculent (à la Audiard ), mais d'une gentillesse, qu'on ne peut que l'aimer. Martin est l'un des personnages les plus gentils que j'ai pu découvrir en littérature (mais attention, gentil, ne veux pas dire naïf, bien au contraire. Il a un regard lucide sur le monde qui l'entoure et à souvent la dent dure sur sa famille bourgeoise). Le portrait qu'il fait de sa famille est des plus virulent et cynique, mais toujours avec humour et finesse. Martin ne fait pas dans l'humour gras (ok, c'est un peu facile quand on a un boucher comme personnage principal), et c'est tout à fait plaisant. 

Il y avait bien longtemps que je n'avais pas ri à gorge déployée, en lisant un livre. Pour tout vous dire, j'ai même été pris d'un fou rire, plus d'une fois. Thierry des Ouches sait manier l'humour et cela donne du poids à son personnage (facile ici aussi, j'avoue), que l'on trouve tout de suite sympathique. C'est très joyeux, enlevé et il y a également une très belle analyse des milieux sociaux et le fait de ne pas se sentir à sa place. Martin se sent exclu dans ce monde bourgeois, lui, qui n'aspire qu'à une vie simple, avec Solange, sa femme, qui fait les même études que lui, mais en Charcuterie, alors que lui est boucher. J'ai été touché par leur amour et leur vie simples, et cela me les a rendu plus proche de moi et de mon quotidien. 

En définitive, s'il fallait trouver des défauts à ce roman, c'est sa brièveté. Il est vraiment trop court. J'étais trop bien avec Martin, et sa petite famille, en définitive, que j'en aurai bien repris un peu plus. Je suis un peu resté sur ma faim. Thierry des Ouches démontre surtout qu'il sait aller dans des univers différents avec brio et qu'il sait si bien les "photographier", nous montrant, le côté drôle, dur, touchant et cynique du monde qui nous entoure. Surtout, il manie l'humour avec intelligence. Son écriture est des plus jubilatoires et j'ai bien hâte de  retrouver sa plume  avec  son prochain roman. 

 Et un petit extrait pour conclure en beauté: 

Aidé par l'absence totale de centre d'intérêt, Louis est bon dans les études car il a fait naturellement ce qu'on lui a dit de faire quand il fallait le faire, animé par la seule reconnaissance que lui procuraient la bonne note et la satisfaction de sa maman chérie. Gueule d'ange, il n'y est pour rien et qu'il danse bien, tout le monde s'en fout, ça ne sert à rien. Sauf peut être a décrocher le gros lot, et il l'a fait notre champion du monde, notre intouchable à nous. Il l'a levé dans une soirée à l'Automobile Club de France, sur une valse. Une blonde superbe, mais conne comme deux balais. Et comme elle est authentiquement conne, elle ignore q'elle l'est par le fait même qu'elle l'est. [...]Une conne qui rit quand elle est belle, c'est comme un tour de magie, on se fait toujours avoir. (p.34-35)

Thierry des Ouches: Martin de la Brochette, Daphnis & Chloé, 165 pages, 2014


mercredi 6 avril 2016

A la mesure de nos silences

4e de couverture: Jamais Antoine n'aurait pensé que son grand-père puisse agir ainsi : il y a quelques heures à peine, l'adolescent sortait du lycée, s'apprêtant royalement à rater son bac. Kidnappé par papi à bord d'un vieux coupé Volvo, il roule à présent vers l'inconnu, privé de son iPhone.
À 82 ans, François Valent, journaliste brillant, aura parcouru le monde et couvert tous les conflits du globe sans jamais flancher. S'il a conclu un marché avec son petit-fils, c'est pour tenter de le convaincre de ne pas lâcher ses études.
Mais ce voyage improvisé ne se fera pas sans heurts. La destination vers laquelle le vieil homme conduit Antoine – la ville de Villefranche-de-Rouergue, ou il a grandi – a ce parfum particulier du remords. C'est là que l'enfance de François a trébuché. Lors d'un drame sanglant de la Seconde Guerre mondiale dont l'Histoire a gardé le secret.

À la fois quête du souvenir et voyage initiatique, cette échappée belle les révèlera l'un à l'autre. La vraie vie n'est jamais là ou on l'attend.

Il arrive souvent que ce soit la couverture d'un livre qui nous attire et nous fait le choisir. C'est ce qui m'est arrivé avec le roman de Sophie Loubière: A la mesure de nos silences. (j'en avais d'ailleurs discuté avec elle lors de notre rencontre au Salon du Livre, l'année dernière). 

Un an après, j'ai (enfin) sorti ce livre de ma PAL (alors que j'en avais fait une "lecture prioritaire", c'est dire!), comme un appel de sa part (oui, je fonctionne de temps en temps comme ça. Je suis attiré comme un aimant vers un livre et c'est ce qui s'est passé pour celui ci). 

A la mesure de nos silences fut une véritable claque. J'ai été époustouflé par ce livre, happé, mais prenant mon temps pour en comprendre toutes les subtilités. Cette virée entre un grand-père et son petit fils, sur les routes du passé ne pouvait que me plaire et bousculer mon esprit. Sophie a su très bien mener son intrigue (en même temps, c'est une auteure de thriller, donc, elle a la technique pour capter l'attention du lecteur) mais c'est la psychologie des personnages, très bien fouillée, qui fait toute la différence. Sophie a ce don d'aller au fond des âmes pour en faire ressortir toute leur substance. 
Surtout, elle a réussit haut la main à s'approprier une période mille fois traitée (la Seconde Guerre mondiale) en littérature, en se basant sur un fait divers, mais surtout sur des faits peu connu (le fait que des musulmans croates (en ce qui concerne le roman) aient fait parti des SS, par exemple. Sur ce coup, j'ai été aussi surpris qu'Antoine). 

Par une technique d'alternance des points de vue dans un même chapitre (l'on passe à l'aide de  sous-chapitre, de François (le vieil homme) à Antoine (son petit fils) pour arriver à un pan du passé, qui nous rappelle les éléments de ce fait-divers, qui s'est déroulé à Villefranche-de-Rouergue, dans les années 40), Sophie Loubière maintient l'intérêt du lecteur, qui a envie de savoir ce qui s'est passé dans ce village, au moment de la seconde guerre mondiale...et j'ai été surpris de bout en bout. 
Mais, il n'y a pas que cela qui retient l'attention, il y a aussi la relation entre le grand-père et son petit-fils: tous deux se connaissent mal en définitive, ils ne se voient que pour les fêtes, une ou deux fois dans l'année. Quand François apprend, de la bouche de son ex-belle-fille que son petit fils à des soucis, il décide de le "kidnapper" afin de lui apprendre une partie de son passé. Les silences vont laisser place aux confidences, et ces deux là vont commencer à se comprendre. Surtout, Antoine, va ouvrir les yeux sur ce grand-père qu'il ne connait pas bien et sa vision des choses va progressivement évoluer. 

Voilà un roman captivant, qui nous tient en haleine par une intrigue fort bien menée, mais aussi un roman touchant, qui prend le temps de nous montrer toutes les nuances de la vie. Certains passages sont de vrais poèmes, et la plume de Sophie Loubière se fait subtile, laissant le temps s'écouler lentement, pour ensuite, revenir à une écriture plus rythmée. 
Cette dualité de style fait toute la singularité de ce roman, qui, de par son sujet, nous fait nous interroger sur notre passé et sur nos rapports avec nos proches. 
Un roman étonnant que je conseille à tous, et surtout aux jeunes lecteurs. Celui ci revient sur un événement de notre histoire, peu connu, mais surtout, ils nous fait nous questionner sur ce qu'est le passé et surtout le passage de témoin entre les générations. Un livre à lire absolument et à faire lire à vos enfants. 
Pour ma part, je retrouverai avec plaisir la plume de Sophie Loubière, pour continuer à découvrir son univers. En tout cas, j'ai été conquis par A la mesure de nos silences. Un livre qui reste en mémoire, longtemps après avoir tourné la dernière page. 

Sophie Loubière: A la mesure de nos silences: Fleuve Editions, 302 pages, 2015



La Discothèque du 20e siècle #161

En 1979, Joe Dassin connaissait l'un de ses derniers succès avant sa tragique disparition, un an plus tard.

Joe Dassin: le Dernier slow (1979)





Ce succès-adapté d'un slow italien-date d'un an avant sa mort, à l'époque où Joe, distancé par les nouveaux venus de la chanson (Cabrel, Balavoine, Berger, Souchon), commençait à sérieusement déprimer. Pourtant, c'est aussi en 1979 qu'il enregistre un des plus beaux albums de sa carrière, le 13e, le fameux Blue Country, avec un coup de main du légendaire Tony Joe White. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1979", Polygram Direct)

Bonne écoute!


dimanche 3 avril 2016

Slow Qui Tue #272: Comme un avion sans aile

Le slow qui tue de la semaine, se sent comme un avion sans aile, mais ne se décourage pas.

Charlélie Couture: Comme un avion sans aile



Bonne écoute!