mardi 30 juin 2015

Le cortège des épileptiques

4e de couverture: « Nous sommes le souffre, la malséance et le viol. Nous sommes la fausse note dans le requiem, le treizième pied dans l’alexandrin. Nous sommes le glaire et la pisse qui coulent sur vos tricots de peau. Et surtout, nous sommes nombreux. »
Des paysages blancs à n’en plus finir, une ville à fuir, un lac et une prostituée à retrouver pour enfin pouvoir se (re)poser : Victor et son mentor Girodet subissent la faim et le froid dans un décor de fin du monde. Mais qui sont-ils ? Comment en sont-ils arrivés là ? Que fuient-ils ? Et pourquoi cette obsession du lac de Debbie Dew et de sa bouche carmin ? Victor écrit son errance, son épilepsie, son enfance au pensionnat, ses rencontres hors du commun et sa fuite de la ville à feu et à sang.
Le roman de l’impatience, de la turbulence, le récit de l’hyperactivité. Un conte moderne et urbain où l’auteur imagine un avenir peut-être pas si lointain.

Ce roman aux allures d'apocalypse, né de l'imagination de Matthieu Carlier, journaliste de profession, est des plus étranges. 

Deux hommes ont fuient la ville pour s'aventurer dans le monde, destination un chalet près d'un lac. Le narrateur (Victor) est un jeune homme impatient, malmené par la vie et qui, par ce voyage, espère reprendre le cours d'une vie devenue des plus chaotiques. Heureusement, Girodet, son mentor, est là pour canaliser et tempérer tout cela.

J'ai été fasciné par ce livre, et ce, malgré le fait  qu'il ne se passe pas grand chose: c'est simplement l'errance de deux hommes dans un monde en ruine, dans un futur plus ou moins proche (en tout cas, on ressent une certaine ressemblance dans les thèmes, à notre monde actuel: la violence, la délinquance, la pauvreté, l'envie de liberté. Tout ceci fait écho à notre société actuelle.) 
Ce n'est donc pas l'histoire qui a retenu mon attention, ni même les personnages (mêmes si ceux ci sont intrigants et que je voulais savoir quelle avait été leur vie pour qu'ils en arrivent là), c'est l'écriture de l'auteur. Celle ci est travaillée à un tel point qu'elle oscille souvent entre un style journalistique, qui relate des faits et des envolées poétiques qui nous emportent dans un monde fantasmagoriques (les scènes hallucinés de Victor lors de ses crises d'épilepsies en sont un bel exemple).

Voilà pourquoi j'ai pris le temps de lire ce livre: la lenteur m'a été nécessaire pour bien capter toutes les subtilités du texte (je pense, d'ailleurs, que je n'ai pas totalement vu toutes ces subtilités); puis, la construction atypique du livre, fait que j'ai été plus d'une fois surpris. En effet, dans une première partie, on suit la fuite en avant du narrateur et de Girodet, dans un monde en ruine. On sait juste qu'ils ont quitté la ville, pour aller retrouver une certaine Debbie Dew (dont le narrateur est amoureux même s'il ne le dit pas clairement), prostituée de son état, qui possède un chalet au bord d'un lac. Arrivé à la fin de cette première partie, une surprise de taille attend le lecteur (mais que je tairais pour vous en laisser la découverte) qui se demande comment l'histoire va continuer. Et c'est là que cela devient fascinant: l'auteur opère un retour temporel en nous contant les événements antérieur à la fuite de Girodet et du narrateur, à l'intérieur de la ville. Ainsi, dans cette partie, le voile se soulève sur toutes les questions que je me posais en lisant la première partie (le passé de Victor, le narrateur, cette fameuse Debbie Dew, "fantôme" fantasmatique de la première partie, qui se dévoile dans la 2e partie). Enfin, dans une dernière partie, c'est à un nouveau décor et une situation des plus complexes et effrayantes à laquelle le lecteur est confrontée. Jusqu'à une fin des plus énigmatiques et poétiques.

Au final, ce roman est une belle expérience de lecture: sa construction m'a intrigué et m'a donné envie de savoir comment cela allait se terminer pour les protagonistes principaux. Matthieu Carlier a réussi a construire un monde des plus fascinants, et pas si futuristes que cela (malheureusement, car cette vision du monde est pessimiste, quand même), en mêlant un style poétique à un style plus journalistique (dans le sens où il décrit un monde et une société , afin de nous le restituer le plus juste possible comme le ferait un journaliste dans un article ou un reportage): ce qui fait un mélange des plus étrange et original, ma foi. 
Le roman de Matthieu Carlier vaut le coup d'être découvert, si comme moi, vous aimez les nouveaux univers et faire de nouvelles expériences de lectures.

Merci aux Editions Daphnis & Chloé pour cette fascinante découverte.



Matthieu Carlier: Le cortège des épileptiques, Editions Daphnis & Chloé, 261 pages, 2014




dimanche 28 juin 2015

Slow Qui Tue #241: Come along

le slow qui tue de la semaine veux qu'on vienne avec lui pour voir ce que c'est d'être libre.

Titiyo: Come along


Bonne écoute!











C'est avec ce titre que se clôt cette 6e saison des "Slow qui tue". Les slows partent donc sur les plages de France (et ailleurs) pour vous faire danser tout l'été. 
Dès la semaine prochaine, c'est "La Discothèque du 20e siècle" qui va rythmer les dimanches de votre été (en plus du mercredi). 
La rubrique "Slow qui tue" reviendra le 6 septembre 2015 pour une 7e saison. 
En attendant, bon été à eux! (Ainsi qu'à vous cher(e)s lecteurs/trices). 

jeudi 25 juin 2015

Les Portes de Québec Tome 2 (la Belle Epoque)

4e de couverture: Dix ans plus tard, au temps de La belle Époque, la famille Picard a connu bien des bouleversements. L'attirance entre Thomas et Élisabeth a cédé la place à une vraie passion, tandis qu'Alfred, le frère, s'exerce au délicat métier de père au sein d'un mariage malheureux...

Risque de Spoilers sur le Tome 1

2e volet de la saga "Les Portes de Québec" (qui m'accompagnera durant toute cette année 2015), cette "Belle Epoque" m'a autant plu que le premier tome. 
C'est d'ailleurs un petit soucis, pour écrire mon billet, puisque je vais avoir l'impression de me répéter, par rapport à mon premier billet. 

En effet, l'écriture de Jean-Pierre Charland est toujours aussi belle et surtout, elle décrit toujours aussi justement ce Québec que je découvre de livre en livre; L'histoire de Québec nous est conté de fort belle manière, et prend même encore plus de place que dans le premier tome. (Pour vous dire, le destin et les histoires des personnages sont mis au second plan quelquefois pour s'épancher sur les événements de l'année 1908 à Québec). 

Ce 2e tome débute donc 10 ans après la fin du Tome 1. Elizabeth, la jeune préceptrice est devenue la femme de Thomas Picard; les deux jeunes enfants du commerçant, Eugénie et Edouard, sont devenus des adolescents. Alfred Picard, le frère aîné de Thomas, est toujours marié à Marie (et est toujours aussi attiré par les hommes, avec qui il a certaines aventures): ils ont deux enfants: Mathieu, né de la liaison de Marie avec Thomas, et Thalie, la petite fille, né de l'union de ce couple. 
J'ai aimé retrouvé ces personnages, attachants (Elizabeth, Thalie, Matthieu, Edouard) ou énervants (Eugénie, dont l'âme a été empoisonnée par sa défunte mère, Alice. Elle est imbuvable: hautaine, méprisante, haineuse envers Elizabeth, qu'elle rend responsable,de  la mort de sa mère. Je l'ai détesté au plus haut point et j'ai été ravi de ces déconvenues dans ce second volet); Les histoires de coeurs, de cours (Eugénie et Elise, jeunes filles à marier, rencontrent beaucoup de prétendants dans ce tome), d'amour interdit, de liaisons, de trahisons, de jalousie...tout ce qui fait le sel d'une bonne saga. L'auteur arrive à instiller par petite touche, de mini rebondissements qui nous font tourner les pages sans nous en rendre compte: comme les déconvenues du petit Matthieu, avec ds camarades d'école, ou l'amourette d'Edouard pour la jeune Elise, ou la liaison de Marie avec  James McDougall, l'assistant du metteur en scène du Pageant, commémorant le tricentenaire de la ville de Québec... 

Car, voilà le petit plus de cette saga: la grande Histoire qui s'invite dans la petite: dans ce 2e tome est évoqué la chute du pont de Québec, au moment de sa construction en 1907, qui fit un grand nombre de victimes parmi les ouvriers (Thomas Picard et son fils Edouard, assisteront à la chute de ce pont, en étant aux premières loges), ou bien les élections de cette année là (la partie politique de ce tome fut tout aussi passionnante à suivre que dans le premier volet). Puis, la part belle fut donné, dans la dernière partie du roman à la commémoration du tricentenaire de la ville de Québec qui eu lieu en 1908 (là aussi, les protagonistes imaginaires du roman auront une part active dans l'événement puisque Elizabeth et Eugénie feront partie des comédiens du spectacle qui fut joué durant plusieurs jours à Québec).
C'est toujours aussi passionnant d'en découvrir  plus sur l'histoire de Québec (et ce, même si vous n'êtes pas fasciné par ce pays). Jean-Pierre Charland a un don d'évocateur certain, et une plume de conteur. Certes, parfois certaines intrigues sont déjà vu et j'en devine parfois le dénouement, mais l'attachement aux personnages et l'évocation historique nous fait aimer et continuer la lecture. Surtout, il a ce don, de compiler des explications historiques de façon fluide, dans les dialogues ou par petites phrases qui n'alourdissent pas le roman de manière pompeuse: l'écriture est fluide et  cela coule tout seul. Le lecteur se cultive en lisant, et c'est super. 

Au final, un 2e volet tout aussi passionnant que le premier, qui nous en apprend toujours autant sur l'histoire du Québec: d'ailleurs celles ci prend peut être le pas sur le destin des personnages, mais cela évite que les rebondissements rocambolesques s'enchaînent, comme on pourrait le craindre dans ce genre de saga. J'ai hâte d'être à l'automne pour découvrir le 3e tome des aventures des familles Picard, ainsi que d'en apprendre plus sur  l'histoire de la ville de Québec.

Jean-Pierre Charland: Les Portes de Québec Tome 2 (La Belle Epoque), France Loisirs, 714 pages, 2007


mercredi 24 juin 2015

La Discothèque du 20e siècle #112

En 1974, Mike Brant était au sommet de sa popularité, surtout auprès des jeunes filles, et cette chanson allait encore une fois le démontrer.

Mike Brant: C'est comme ça que je t'aime (1974)


En 1974, malgré une dépression chronique, Mike Brant tente de retrouver la foi dans ce qu'il fait. Romantique jusqu'au bout des ongles, il donne ici sa propre définition de la femme idéale. Plébiscité par le public féminin, et notamment par les auditrices de RTL, C'est comme ça que je t'aime, en mai 1974, entrera pour plusieurs mois dans les hit-parades. (Source: Fascicule "L'encyclopédie de la chanson française n°5", Universal Collections)

Bonne écoute!

dimanche 21 juin 2015

Slow Qui Tue #240: Don't look any further

Le slow qui tue de la semaine, ne cherche pas plus loin pour trouver quelqu'un sur qui compter, puisqu'il l'a trouvé:

Dennis Edwards: Don't look any further


Bonne écoute!


jeudi 18 juin 2015

Sous le soleil de Toscane

4e de couverture: «Lors de notre premier été ici, j'ai acheté un grand cahier à la couverture de papier florentin relié de cuir bleu. Sur la première page, j'ai écrit : Italie. Il semblait prêt à recevoir des vers intemporels, mais j'ai commencé par y coucher des noms de fleurs sauvages, toutes sortes de projets, et du vocabulaire. J'y ai dépeint nos chambres, nos arbres et les cris des oiseaux. J'y ai copié des recommandations : "Planter les tournesols quand la lune entre dans la Balance", sans avoir aucune idée de la période concernée. J'ai décrit les gens que nous avons rencontrés, les plats que nous avons préparés. 
Ce cahier bleu s'appelle maintenant Sous le soleil de Toscane, il est l'expression naturelle de mes premiers plaisirs ici. Restaurer, puis arranger la maison ; explorer les innombrables secrets de la Toscane et de l'Ombrie ; mitonner dans une autre cuisine et découvrir des liens, nombreux, entre les plats et la culture ; autant de joies intenses qu'irrigue le sentiment profond d'apprendre une autre vie.»

Après avoir lancé la collection Quai Voltaire (qui met les auteurs étrangers à l'honneur), les éditions de la Table Ronde a pris la décision de lancer une nouvelle collection (de poche celle ci) "Le petit Quai Voltaire". Cette dernière reprendra les grands titres de sa grande soeur et les proposera en format semi-poche, avec une couverture à rabats blanche, avec un joli dessin en couverture (redessiné dès la premières pages à l'intérieur du livre), et une couleur "dominante" par livre: le vert pour le livre de France Mayes, qui habille le nom de l'auteur sur la couverture, le titre du roman, à l'intérieur, et les pages du roman sont imprimées en vert. Le livre est également accompagné d'un marque page à l'effigie du livre. 
J'ai ainsi eu la chance de recevoir les deux premiers titres de cette nouvelle collection ("Sous le soleil de Toscane" de Frances Mayes et "Les filles de Hallows Farm" 'Angela Huth (Suivront en octobre 2015 "Une odeur de Gingembre" d'Oswald Wynd et "La dame à la licorne" de Tracy Chevalier). (L'intérêt de cette collection réside dans le fait que les livres sont de très bonne qualité, sur un papier doux et qu'ils seront plus résistants dans le temps qu'un simple livre de poche). 

Mais revenons au livre de Frances Mayes. Je dois dire qu'en le choisissant, j'avais un besoin de vacances et de ce point de vue là, j'ai été servi. L'Italie s'est invité chez moi durant ces quelques jours. Un séjour, qui parti sur des bases fragiles pour ma part: j'ai eu un peu de mal avec les premières pages du livre: j'ai tâtonné et marché sur la pointe des pieds, comme si je ne me sentais pas le droit d'entrer à Bramasole (la maison de l'auteure), comme si j'y étais étranger. Pourtant Frances Mayes nous ouvre les portes de sa maison, avec bienveillance, en nous livrant tous les petits secrets de son acquisition jusqu'à la moindre rénovation. 
Puis, progressivement, sans m'en rendre compte, je me suis familiarisé avec la maison, mais aussi avec la langue et la plume charmante de Frances Mayes. Pourtant, il ne se passe pas grand chose dans ce livre: le thème en est même des plus banal: la passion pour une maison toscane. Mais c'est écrit avec un tel charme et une telle douceur que le lecteur se sent ravi et se sent bien entre les murs de cette maison et les pages de ce livre. A chaque fois que je reprenais le livre, j'étais empli de bien être et une envie de m'évader, de retrouver des amis m'envahissait. 
La plume de Frances Mayes est d'une finesse qu'on a envie de rêver et de voyager: les mots d'italien qui parsèment les pages nous invitent également au voyage et nous immergent totalement dans le pays et sa culture, artistique ou culinaire...Et en parlant cuisine, l'auteur nous donne l'eau à la bouche en parsemant, de ci de là, des plats culinaires qui nous font saliver. J'ai souvent eu faim en lisant ce livre (les quelques recettes d'été et d'hiver que l'auteur nous offre, nous donne des envies de cuisines italiennes). 

Voilà un livre où on prend le temps de vivre: le temps de découvrir les déconvenues des travaux qui s'éternisent, mais aussi le temps de la découverte de ces petits villages ou petites villes italiennes que Frances Mayes décrit très bien. Les rencontres des habitants, les visites d'amis dans cette maison toscane qui va abriter plusieurs étés de Frances Mayes et de son compagnon Ed. Un livre dans lequel on ne peux s'empêcher de retourner pour en découvrir davantage. 
En fait, je n'ai qu'un seul petit regret: qu'en tournant la dernière page, le voyage soit fini. J'étais si bien. Mais, je pense que quand j'aurai un besoin d'évasion, je reviendrai à Bramasole, en relisant quelques pages. Un livre idéal pour la saison estivale (qui a enfin pointé le bout de son nez)  et qui peut vous donner des idées de vacances. Je vous le recommande vivement. 

Merci aux Editions La Table Ronde pour ce voyage en Italie. 

Frances Mayes: Sous le soleil de Toscane, (Under the Toscan sun At home in Italy), Petit Quai Voltaire, 365 pages, 2015



mercredi 17 juin 2015

La Discothèque du 20e siècle #111

En 1972, Elton John atteignait les sommets du hit parade avec un crocodile très rock.

Elton John: Crocodile rock (1972)


En 1972, Reginald Kenneth Dwight dit Elton John, est omniprésent dans les hit-parades: deux ans après Your song (son premier succès en 1970, mais ses 45 tours suivants avaient été boudés par les radios au point qu'on le disait déjà fini avant même qu'il ait commencé!), il publie Rocket Man (n°2 en Grande-Bretagne, n°6 aux Etats Unis), suivi par Honky Cat (n°31 en GB, n°8 aux USA) et enfin Crocodile Rock, qui jette un regard attendri sur les premiers tubes rock'n'roll des années 50 et met tout le monde d'accord en atteignant le sommet du classement américain! (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1972", Polygram Direct)

Bonne écoute!

dimanche 14 juin 2015

Slow Qui Tue #239: Shake you down

Le slow qui tue de la semaine fait une déclaration à une fille.

Gregory Abbot: Shake you down


Bonne écoute!


vendredi 12 juin 2015

L'Ancre des rêves

4e de couverture: À quoi rêvent les enfants Guérindel ? Dans quelles eaux profondes errent-ils pour en revenir en nage, chaque nuit, terrifiés dans leur lit ? Benoît, Lunaire, Guinoux et Samson le nourrisson, bravent ainsi en cauchemar l'interdit maternel : la mer, cette grande inconnue. Il leur est défendu de l'approcher. Mais dans ce pays breton ou le large et l'horizon se confondent, la fratrie se trouve happée par les flots, dès que la lumière s'éteint. Trois-mâts, pirates et noyades. Car dans leurs veines coule un sang salé...


La vie nous réserve parfois de belles coïncidences. Au moment où je sortais le roman de Gaëlle Nohant de ma PAL, pour un petit voyage breton, mais également au pays des rêves, j'apprenais que l'auteure venait à la rencontre des lecteurs dans une librairie de ma ville, pour  un échange à propos de son 2e roman, la part des flammes. Ma lecture a pris une sensation bien particulière. 

Mais, avant d'aller plus loin dans mon avis, je voulais remercier Karine pour m'avoir permis de faire ce voyage. En effet, c'est son enthousiasme sur les romans de Gaëlle Nohant, qui m'a donné envie de les découvrir. Et qu'est ce qu'elle a bien fait. 
J'ai beaucoup aimé ce livre: son atmosphère angoissante, et magique, qui m'a rappelé les contes et légendes de nos régions (et plus particulièrement de la Bretagne pour cette histoire), son suspense mené au cordeau et qui délivre son lot de surprises au fil des pages pour mieux nous tenir en haleine. C'est bien simple, plus on avance, plus on a envie de savoir ce qu'il va advenir des personnages. C'est qu'ils sont attachants ces petits Guerindel: le lecteur a envie de les protéger et aussi de comprendre d'où  viennent leurs rêves...ou plutôt leurs cauchemars qui hantent chacune de leurs nuits. 
Mais ce sont ces cauchemars qui vont les aider à grandir et savoir qui ils sont. C'est Lunaire qui va être le plus actif pour affronter ses rêves: il  va partir à la recherche des fantômes de son cauchemar, et le lecteur va découvrir et éclaircir les ombres du passé, en même temps que ce jeune héros. Par son intermédiaire, on va plonger dans le monde des Terre-Neuvas, ces marins-pêcheurs qui partaient durant de longs mois au large de Terre Neuve pour la Grande Pêche (ces passages m'ont d'ailleurs fait penser au très beau feuilleton d'Hervé Baslé, Entre Terre et Mer, qui parle aussi de très belle manière de ces hommes là, ainsi que de leurs femmes restées au village). 
Gaëlle Nohant ne laisse rien au hasard et chaque petit caillou qu'elle sème sur le chemin de son histoire trouvera sa signification un moment où à un autre et tout s'éclaircit au fil de la lecture. 

Au delà de son histoire, c'est également l'écriture de Gaëlle qui retient mon attention: il y avait longtemps que je n'avais pas lu un roman d'une telle poésie: Gaëlle a un talent de conteuse, ces conteuses (et conteurs) qui chaque soir défilent leur histoire pour envoûter leur auditoire (ou son lectorat) et le captivent avec des histoires de marins, de fantômes, lors de veillées. Le lecteur est alors captivé, mais également charmé par cette plume délicieuse, qui instaure un climat et fait partir le lecteur pour de lointains rivages. C'est bien simple, j'ai souvent voyagé en mer dans ce livre, mon lit se transformant  en un Trois Mats gigantesque qui me faisait tanguer, et me sentir tout petit.
Puis, surtout, Gaëlle aime ses personnages: à tel point qu'elle leur donne une âme à plusieurs facettes: ils ne sont pas manichéens, et cela fait du bien car chaque lecteur peut trouver un peu d'humanité dans chacun de ces personnages, même les plus méchants trouveront à un moment grâce à vos yeux. 

Voilà un roman magnifique, qui nous rappelle les romans d'aventures qu'on lisait enfant ou adolescent. Je vous jure qu'avec ce livre, vous partirez pour un grand et vertigineux voyage époustouflant qui vous  émerveillera. Il vous fera rêver...et surtout prendre conscience que chacun d'entre nous rêve et que ces rêves sont la réminiscence d'un passé que notre subconscient aurait enfoui au fond de notre mer intérieure. 
Pour tous les amoureux de la mer, mais aussi aux amoureux de l'aventure qui se rappellent les histoires effrayantes (ou non)  que l'on se racontait étant enfant, plongez vous dans cette Ancre des rêves. Vous ne serez pas déçu, je vous le garantis. Un roman à lire et une auteure (charmante et adorable) à découvrir. Gaëlle est plus qu'un écrivain, elle est une conteuse d'histoires qui vous fera (re)découvrir votre âme d'enfant. Et ça, ça n'a pas de prix. 

N'hésitez pas à aller rendre une  petite visite à Gaêlle Nohant,  en poussant la porte de son café littéraire  

Gaëlle Nohant: L'Ancre des rêves, Pocket, 342 pages, 2007




mercredi 10 juin 2015

La Discothèque du 20e siècle #110

En 1969, René Joly mettait Chimène, l'héroïne du Cid en lumière et en musique.

René Joly: Chimène (1969)



Comme le raconte Christian Eudeline dans "L'Encyclopédie du Rock français" (éditions Hors Collection, octobre 2000), la Calaisien René Joly avait débuté comme batteur d'un groupe twist; Devenu chanteur, il écrit des paroles sur des musques de Gérard Manset. Cheveux frisés et voix chevrotante, on le compare à Julien  Clerc ou Gérard Lenorman à la sortie de son premier disque Chimène qui demeure son morceau le plus connu et un authentique coup de maître. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1969", Polygram Direct)

Bonne écoute!

dimanche 7 juin 2015

Viol: une histoire d'amour

4e de couverture: 4 juillet : feu d’artifice à Niagara Falls. En rentrant chez elles après la fête, Tina et sa fille ont la mauvaise idée de passer par le parc. Elles croisent des jeunes défoncés qui violent Tina et la laissent pour morte dans un hangar à bateaux. Très vite, la ville la condamne : ne serait-elle pas trop jolie pour être honnête ?

L'envie de retrouver la plume de Mrs Oates a été tellement forte, que je n'ai pas pu résister. Et c'est ce petit livre qui m'a appelé (oui carrément, il m'a murmuré à l'oreille: "découvre moi, plonge en moi et imprègne toi de ma substance narrative"). 
C'est donc ce petit roman (j'aime bien alterner petit roman et gros pavé quand je lis un livre de Joyce Carol Oates) qui s'est livré à moi, et malgré son sujet gravissime, j'ai aimé retrouver la plume de Mrs Oates. Plus je lis des livres de Joyce Carol Oates, plus j'arrive à y entrer sans trop de soucis: c'est comme retrouver une amie chère qu'on a pas vu depuis un moment. 

Comme toujours chez J.C. Oates, ses débuts de romans sont percutants et vous lancent une claque monumentale en imprégnant dans votre esprit une image forte qui ne vous lâchera plus tout au long du roman. La première scène du livre revient sur le viol qu'à subi Tina, le soir du 4 juillet 1996, dans un hangar à bateaux. Voilà le postulat de départ qui va être décliné à l'infini dans ce roman. C'est bien simple, toute la première partie ne concerne quasiment que cette terrible nuit où Tina fut victime d'un viol collectif. L'auteur va alors alterner les points de vue, en nous présentant les différents protagonistes de cette macabre histoire: de la fille de Tina, Bethie, de Dromoor, le flic qui va découvrir la victime, et qui va se prendre de compassion pour la mère et la fille... J'ai été souvent révolté, ulcéré et groggy devant ces scènes violentes (car le lecteur est aux premières loges de ce viol et l'auteur le décrit de manière cru et sans fioriture, comme elle sait si bien le faire...mais qui peut choquer les lecteurs un peu trop sensible). 
Ce qui est surtout révoltant, c'est la réaction des habitants de Niagara Falls: beaucoup d'entre eux pensent qu'elle l'a bien cherché (c'est même le titre du premier chapitre): comme si, s'habiller de manière sexy devait pousser au viol. Le comportement de l'avocat de la défense est abject au plus haut point puisqu'il va propager la rumeur que Tina était consentante. Le comportement du juge n'est pas mieux faisant de cette audience une mascarade. 
La 2e partie du livre va alors changer la donne...mais je ne vous dis pas comment. 

Voici un roman qui vous prend aux tripes. Avec un style percutant, fait de courtes phrases qui donne  un rythme rapide et sec , à tel point que le  lecteur croit se prendre  une volée de claques en pleine figure. C'est hypnotique et surtout tellement réaliste. Joyce Carol Oates réussit à merveille à décrire ces instants innommables de cruauté. Elle montre encore une fois la noirceur du monde et c'est cela qui me fascine chez elle: la justesse de son propos et surtout l'absence de fioriture, qui fait qu'elle va droit au but et qu'elle démontre encore une fois le côté sombre du monde. Cependant, une petite lueur finale peut redonner de l'espoir et ce n'est pas en vain que le lecteur a vécu ce traumatisme. (D'ailleurs, le titre, incompréhensible pour moi au début car tellement antinomique, prend un sens particulier dans la 2e partie du roman). 

Au final, un court roman qui ne vous laissera pas indifférent (loin s'en faut), sur la bassesse du monde et les préjugés des hommes et des femmes. Un roman qui, je l'avoue, n'est pas à mettre entre toutes les mains: personnes sensibles s'abstenir car les scènes dans le hangar sont tellement atroces que le lecteur ressent un malaise permanent. Heureusement que ce roman ne fait pas plus d'une centaine de pages. Un concentré de violence qui vous percutera comme un coup de poing reçu au ventre, à vous couper le souffle. 
Du grand art encore une fois: normal, c'est du Joyce Carol Oates: la plus grande auteure américaine de notre temps. 

P.S. Un grand bravo et merci à Claude Seban, la traductrice française,  depuis quelques années de Joyce Carol Oates, qui réussit à chaque fois à retranscrire merveilleusement le style et les mots de cette grande auteure. Merci madame Seban pour le travail exceptionnel que vous effectuez à chaque livre.

Joyce Carol Oates: Viol, une histoire d'amour, (Rape, A love story), Points, 183 pages, 2006


 5e roman lu dans le cadre du challenge "Oates" organisé par George 

Slow Qui Tue #238: J'ai faim de toi

Le slow qui tue de la semaine a faim d'amour pour la personne qui partage sa vie.

Sandy: J'ai faim de toi


Bonne écoute!


vendredi 5 juin 2015

Rose et ses soeurs

4e de couverture: Des bas-fonds de Southampton à un village isolé du Suffolk, de 1913 au début des années 70, un roman évocateur, l'émouvante histoire de trois soeurs hantées par les liens du sang et du secret.

Pour Vivian et Nellie Marsh, le décès de Rose, leur soeur aînée, sonne à la fois comme un malheur et une libération. Certes, les deux jeunes femmes voient disparaître leur pilier, celle qui les a élevées à la mort de leurs parents, mais n'est-ce pas aussi l'occasion de s'affranchir d'une tutelle parfois étouffante ?
L'arrivée d'un homme vient remettre en question ce qui les unissait et compromettre la promesse faite à Rose de rester toujours soudées et de se garder des tourments du coeur.

Vingt ans plus tard, un événement va provoquer les retrouvailles de Vivian et Nellie. Et les deux soeurs n'ont d'autre choix que de retourner là où tout a commencé, dans ce petit cottage de campagne.
L'occasion de replonger dans l'histoire familiale, de comprendre enfin de quoi Rose cherchait tant à les protéger et découvrir son secret, un secret si lourd qu'il continue de peser sur les femmes de la famille Marsh...


Deux ans après le bouleversant 22 Brittannia Road qui m'avait laissé pantois devant un vrai talent de conteuse et d'écrivain, Amanda Hodgkinson revient avec son 2e roman Rose et ses soeurs.
En apprenant la parution de ce roman aux éditions Belfond, j'avais hâte de le découvrir pour savoir si la magie allait encore opérer et si Amanda Hodgkinson allait faire partie des auteurs qui compte dans le monde littéraire. 

Rose et ses soeurs a la particularité de ne pas ressembler au précédent roman, que ce soit dans son histoire ou dans sa structure narrative. Nous sommes cette fois ci dans un roman typiquement anglais, qui nous brosse le portrait de trois femmes aux destins simples, mais qui a son lot de secrets, comme il y en a dans beaucoup de familles. 
Tout commence en 1913, dans un petite maison d'un village anglais où vivent trois soeurs, orphelines, et qui ont toujours vécues ensemble, à l'abri du monde extérieur. Leur vie se déroule paisiblement et rien ne saurait troubler cette quiétude. Sauf que Rose, l'aînée des soeurs décède. Ce décès va alors libérer les deux autres soeurs de ce cocon, dans lequel Rose les maintenaient protégées, mais également prisonnières. 
C'est surtout la rencontre d'un jeune peintre, qui va faire éclater l'entente entre Vivian et Nellie. C'est aussi à partir de cet événement que leur vie (et leurs "aventures")  vont débuter. 

J'ai été emporté dans ce roman par un souffle romantique et romanesque, en tournant les pages frénétiquement afin de suivre les destins de ces femmes, simples, extrêmement touchantes et à qui le lecteur s'attache. D'une plume distinguée, poétique, charmante, et très fluide, Amanda Hodgkinson a le don de dresser des portraits justes, magnifiques et tellement vivant de trois femmes (Vivian, Nellie, et Birdie, la fille de Nellie) complètement différentes, mais qui sont liées par la même histoire. Le lecteur traverse la première moitié du XXe siècle (même un peu plus puisque le roman se termine à l'apogée des années 60) en compagnie de la famille Marsh, et à l'impression d'en faire partie, puisqu'il en partage les moindres secrets. Secrets que l'auteure dévoile au lecteur avec parcimonie et dans une certaine confidence, comme si on les lui murmuraient à l'oreille. 
Il y a également des moments très poétiques qui m'ont totalement envoûtée et transportée dans cette campagne anglaise que j'ai découvert avec les soeurs Brontë. (la comparaison n'est pas fortuite puisque par un fait étrange, les soeurs Marsh se sont substituées aux soeurs Brontë,dans mon imaginaire,  allez savoir pourquoi: mon cerveau fait parfois des rapprochements bizarres. Je ne sais pas, l'ambiance anglaise à dû déteindre sur moi). 

La force de ce roman sont ses personnages, très bien travaillées pour lequel le lecteur a de l'empathie: on a envie de savoir comment Nellie et Vivian vont pouvoir se retrouver après que Nellie, ayant découvert la trahison de sa soeur avec ce jeune peintre, ait pris la fuite et quitté le  cottage pour Londres. Comment Birdie, la fille de Nellie va gérer ses histoires de coeur et surtout, le secret qui la ronge?... 
Alors, même si c'est clairement un roman où les femmes sont très présente, les hommes vont souvent être l'élément déclencheur des événements heureux ou tragiques de ces dernières, que ce soit Joe, Peter, ou même Georges.Ceux ci gravitent autour de ces héroïnes qui ne sont pas sans rappeler Jane Eyre ou Catherine. 

J'avoue, une chose me faisait peur avant de me lancer dans cette lecture: le fait que l'histoire se déroule sur plus de 50 ans sur près de 350 pages. La  brièveté du roman (pour couvrir une période aussi longue) me faisait craindre que l'auteur passe trop abruptement d'une décennie à l'autre et que tout cela soit survolée. Heureusement, il n'en est rien: certes, les années passent furtivement et certaines périodes ne sont qu'effleurée, mais l'écriture et le travail éffectué sur les personnages rend cela très fluide et les années glissent avec délicatesse, rendant le tout très agréable à lire. 

Au final, un 2e roman tout aussi beau et touchant que le premier et que j'ai pris énormément de plaisir à lire. Je trouve la plume d'Amanda très jolie et touchante, au point d'avoir une petite larme aux coins des yeux en refermant le livre car je n'ai pas envie de quitter ces personnages que j'ai aimé accompagner dans leur vie, durant quelques jours. Si vous aimez les romans anglais,  à l'ambiance très XIXe (même si son histoire,ici, se  déroule au XXe siècle), avec des histoires de soeurs, de secrets de familles, d'amour, d'amitié, de tendresse, de drames et de bonheur, n'attendez pas une seule seconde pour vous jeter sur ce roman qui vous comblera. Si, en plus vous avez aimez 22 Brittannia Road et la plume d'Amanda Hogkinson, vous serez en terrain conquis.
Pour ma part, Amanda Hodgkinson fait parti de ces auteurs qui me touchent et que je suis content d'avoir, d'une, découvert et aimé, par un premier roman maîtrisé en tout point , et de deux, de suivre le chemin littéraire qui est le leur, avec un 2e roman différent mais toujours aussi poétique et bouleversant...et je serai au rendez-vous du prochain roman, c'est certain! 

Merci à Brigitte et aux  Editions Belfond de m'avoir fait découvrir la plume d'Amanda, il y a deux ans et de me permettre de continuer le voyage dans son merveilleux univers. 






Amanda Hodgkinson: Rose et ses soeurs, (Spilt Milk), Belfond, 349 pages, 2015



mercredi 3 juin 2015

La Discothèque du 20e siècle #109

En 1967, les demoiselles de Rochefort illuminaient le cinéma et enchantaient la France entière.

Anne Germain & Claude Parent: Chanson des jumelles (1967)


Pour la bande originale [de son film], Jacques Demy a renouvelé sa confiance à Michel Legrand qui signe à cette occasion quelques-unes des plus belles mélodies du cinéma français et invente un nouveau style: le "parlé-chanté" qui, par son ancrage dans le quotidien tourne le dos au lyrisme désuet de l'opérette. En 1967, toujours, suite au succès de cette bande originale, Michel Legrand, solicité par les plus grands studios et les plus grands réalisateurs américains, s'installe à Hollywood. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1967", Polygram Direct)

Bonne écoute!

lundi 1 juin 2015

L'assassinat de Marilyn Monroe

4e de couverture: Comment Marilyn Monroe est-elle morte ?
Alors qu’aucune trace de médicaments n’a été trouvée dans son estomac pendant l’autopsie, l’enquête a toujours affirmé qu’elle avait ingéré soixante-quatre somnifères, tentant ainsi de démontrer son suicide.
Mais Jay Margolis et Richard Buskin réfutent cette hypothèse, ancrée dans l’inconscient collectif. Marilyn ne s’est pas suicidée ; elle a été assassinée.
Par qui ? Pourquoi ? Les auteurs ont disséqué les événements qui ont conduit Marilyn à la mort, ils ont tout lu sur l’affaire, y compris le rapport d’autopsie, reproduit dans le livre.
Leur conclusion est sans appel. La mort de l’icône est un meurtre, une conspiration, une affaire d’État orchestrée par…
Marilyn allait parler, dévoiler sa liaison avec les frères Kennedy. Il fallait la faire taire. Son médecin s’en est chargé… Le livre donne le nom des coupables.


La mort de Marilyn Monroe le 5 août 1962, restera un mystère...à tout jamais. (et ce, malgré ce qu'avance le  livre de Jay Margolis et Richard Buskin). 
Si vous suivez ce blog depuis assez longtemps, vous savez mon admiration pour Marilyn Monroe. Dès que j'ai l'opportunité de lire un livre sur elle, je n'hésite pas. 
Dans celui-ci, les deux auteurs racontent, ce qui s'est "réellement" passé ce jour funeste du 5 août 1962, et ils décortiquent, heure, par heure, minute par minute, les derniers instants de la star, en révélant surtout que, malgré ce qui a été dit à l'époque (et qui est entré dans l'inconscient collectif), Marilyn Monroe ne se serait pas suicidée. Elle aurait été assassinée. Dans ce livre, les auteurs le démontrent, preuve à l'appui. 
Sur le fond, la théorie (car, malgré toutes les preuves qu'avancent les auteurs, les protagonistes principaux ne sont plus de ce monde pour prouver le contraire, et, même si j'ai tendance à croire cette théorie, je ne la prendrai pas pour argent comptant) des auteurs est intéressante, passionnante à décortiquée, et elle tiendrai même la route (même si celle ci n'est pas neuve puisque Michael Korda dans son roman Les immortels (que je recommande pour tous ceux qui s'intéressent à Marilyn et à sa relation tumultueuse avec les Kennedy), laissait entrevoir cette théorie): je ne vous la dévoilerai pas puisqu'il faudrait pour cela spoiler le nom du commanditaire et "la main" du "meurtre" de Marilyn. Ce livre se lirai comme un polar et n'est pas avare de révélations. 

Malheureusement, il y a un hic avec ce livre: le problème ne vient pas du fond, mais de la forme. Les auteurs s'intéressent au soir du décès de la star, soit, mais ils ne le font pas chronologiquement mais en alternant les points de vue et les protagonistes. Chaque chapitre s'intéresse à un témoin de l'histoire (et ils sont nombreux les témoins, mine de rien, entre les voisins, les flics, les ambulanciers, les médecins...),  ce qui fait qu'on revient sans cesse sur les mêmes événements et qu'ainsi on n'évite pas les répétitions avec quasiment les mêmes mots. Les révélations sont nombreuses: si, en plus, certaines sont répétées, dans le livre, on ne s'en sort pas. Pour tout vous dire, j'ai été souvent perdu dans ma lecture et j'ai perdu le fil des événements plus d'une fois. 
C'est dommage, car, plus de fluidité dans le récit, à la manière d'un polar (et non comme une enquête journalistique, ce qu'elle est en définitive) aurait rendu la lecture plus agréable. 
Heureusement que les auteurs ont remis la chronologie de cette journée tragique à la fin du livre, heure par heure, ce qui m'a permis de m'y retrouver et de remettre ce puzzle complexe en ordre. C'est bien que les auteurs aient pensé à ça, Il aurait peut être fallu faire de cette manière dans le roman. Le choix de raconter l'histoire en se servant des protagonistes plutôt que par la chronologie, fut à mon sens une erreur. 

Comme je le disais plus haut, il y a des annexes à la fin du livre, qui comprend, mis à part la chronologie qui remet tous les éléments de l'enquête à leur place, des rapports de police, et des rapports d'autopsie. Alors je vous le dis tout de suite, que je n'ai pas pu lire les rapports d'autopsie détaillés. Ma petite âme sensible n'aurait pas tenu le choc, surtout sachant qu'elle concernait l'une de mes  stars admirées. 

Au final, une enquête passionnante, qui nous livre une théorie détaillée et plausible, mais qui malheureusement noie le lecteur dans sa forme, en répétant des éléments plusieurs fois, ce qui faisait redondant parfois, et qui m'a fait perdre le fil de l'enquête. Ce qui est fort dommage car le propos est des plus intéressant, même s'il fait froid dans le dos par moment. 

Merci aux Editions de l'Archipel pour la découverte de cette enquête. 



Jay Margolis/Richard Buskin: Marilyn Monroe: affaire classée; (The murder of Marilyn Monroe: Case Closed); L'Archipel, 300 pages, 2015